Après le départ de Tome et Janry, nombreux pensaient qu'il n'y aurait plus de Spirou et Fantasio.

Cependant ils furent détrompés avec la sortie de Paris-sous-Seine. Ce tome débuta l'ère Morvan et Munuera. Que peut donc donner l'union de deux auteurs dont l'un est spécialisé dans la SF et l'autre dans les mélanges de contes et légendes?

De plus, comment faire pour donner envie public l'envie de se replonger dans Spirou après le rejet de Machine qui rêve?

Le premier geste des nouveaux arrivants fut de rendre aux personnages leurs apparences d'antan. Ainsi, le public ne rechignerait pas à se remettre à lire du Spirou et Fantasio. Mais ce n'est pas tout.

En effet, en dehors de son style mi-conte, mi fantastique, Munuera ne s'est jamais caché d'aimer les mangas souvent dessinés avec des traits fins et des images dynamiques. Au niveau des apparences des personnages, c'est plutôt joli, il faut le reconnaître. Et leurs mouvements sont si vifs qu'on a l'impression qu'ils vont bouger. C'est plutôt au niveau des paysages que c'est pas trop ça. Certes, ils sont gigantesques pour montre un Paris inondé. Le problème, c'est qu'ils sont tellement massifs qu'on ne voit presque plus des personnages n'étant visibles que par leurs bulles de dialogues. Alors oui, le symbolisme est une bonne chose car ça nous fait réfléchir et forge nos imagination. Cependant, il faut éviter de l'utiliser au prix de nous faire mal aux yeux à force de nous faire chercher où est qui sans pouvoir profiter de l'histoire.

D'ailleurs, parlons-en.

Celle-ci est en permanence entre le sympathique et le "meh".

Déjà, tout commence brusquement. En effet, alors que les deux premières pages commencent sur une note légère, tout bascule au moment où Paris-sous-Seine bascule dans le genre apocalyptique avec le déclenchement d'une inondation par Miss Flanner, la deuxième méchante de Spirou et Fantasio après l'arrivée de Cyanure dans Qui arrêtera Cyanure? par Tome et Janry.

Autant le dire tout de suite, sa motivation aurait pu être une bonne idée dans la théorie mais dans la pratique, c'est raté. On dirait une motivation à la Zorglub écrite de manière complètement irréfléchie.

En effet, inonder tout Paris, user une immense quantité d'eau alors que celle-ci est rare et précieuse, manquer de noyer les habitants d'une ville entière et avoir failli tuer Spip dans le but "louable" de faire de Champignac un sauveur qui mettrait fin à l'inondation afin que le monde ait plus de considération pour lui est plus que discutable. Cette motivation aurait pu marcher si les héros lui avaient dit qu'elle était allée trop loin et que, même au nom de bonnes intentions, faire quelque chose d'horrible fait souffrir des gens innocents et, donc, est injustifiable. Mais même pas! Il suffit que les protagonistes apprennent que Miss Flanner a agit comme elle l'a fait parce qu'elle est atteinte d'une maladie mortelle et voulait être sûre que Champignac soit bien considéré par le reste du monde avant de mourir.

Des héros connus pour leur sens de la justice qui vont jusqu'à pardonner un antagoniste malgré ses actes horribles, c'est vraiment n'importe quoi puisque ça massacre les personnages et les rendent antipathiques.

C'est vraiment dommage parce que tout au long du récit, Miss Flanner a un certain charisme faisant qu'on aurait pu adorer la détester si ce personnage avait été mieux écrit.

Puisqu'on parle des femmes dans Paris-sous-Seine. Dans cet album, les auteurs font faire à Seccotine un caméo dans l'unique but de lancer une réplique misogyne de mauvais goût de manière totalement gratuite alors que celle-ci cherche juste à être respectée en tant que journaliste.

Face à ceci, il n'y a qu'une seule chose à dire

https://www.youtube.com/watch?v=cNlRq2CoBOA

Mais en dehors de Seccotine, d'autres personnages sont-ils également malmenés? Oui! Déjà, Fantasio a été réduit à un rôle de sidekick soi-disant comique mais pas très malin plus envahissant qu'autre chose pour Spirou.

Le seul moment où ils semblent être le duo d'amis inséparables qu'on aime tant est quand ils imaginent tous deux que Spip est mort et se promettent d'unir leurs forces pour le venger.

Pour Champignac et Spirou, ça va. Ils s'en sortent pas trop mal et sont le héros plein d'entrain et sympathique qu'on aime tant et le mycologue un peu zinzin mais très intelligent.

Et pour ceux qui disent que Spirou a été massacré parce qu'il tape Miss Flanner: ce n'est pas du tout vrai. Au moment où il le fait, il s'imagine que Spip est mort à cause d'elle et elle regarde Spirou avec mépris. Ca le rend plus humain car nous aurions tous eu la même réaction de Spirou si nous avions eu en face de nous la personne responsable de la mort d'un être cher.

Les seuls vrais moments où cet album est plaisant sont durant les échanges entre Champignac et Miss Flanner où ces derniers arrivent à avoir une alchimie affectueuse malgré leurs différents ainsi que les combats sous-marins entre Spirou, Fantasio et des robots aquatiques: chose qu'on aurait pu retrouver chez Franquin.

Tout ça pour dire que Paris-sous-Seine avait beaucoup de potentiel mais gâche ce dernier à cause de ses mauvaises idées. De plus, alors que les auteurs précédents avaient fait mûrir Spirou et Fantasio en les rendant plus humains, Morvan et Munuera font un gros retour en arrière en les retransformant en stéréotypes d'un passé révolu.

Bref, pas catastrophique mais moyen.

Activité sur Paris-sous-Seine - Spirou et Fantasio, tome 47