C'est un témoignage précieux et rare d'une femme nous livrant une partie de sa vie à Alep, ville syrienne alors assiégée pendant cette période. Elle a décidé de rester avec sa fille, Sama et son mari médecin pour aider la population et montrer la situation à Alep au prix de sa vie. Waad al-Kateab est à la fois une jeune femme syrienne comme beaucoup d’autres, une épouse, une mère, et une jeune femme syrienne à part, une femme qui, dès le début de la bataille d’Alep en juillet 2012, a filmé ce qui se passait autour d’elle, une femme témoin de la guerre atroce menée par un dictateur contre son peuple et de la crise humanitaire que cette guerre a générée.
Pour elle, filmer rendait le cauchemar plus supportable. A partir de janvier 2016, les images qu’elle tournait ont été diffusées sur la chaîne anglaise Channel 4, sous la forme d’une série de intitulée INSIDEALEPPO. Evacuée d’Alep en décembre 2016 avec sa famille, elle disposait d’un très important stock d’images. Se replonger dans ce passé douloureux n’était certainement pas un exercice facile.
Elle l’a pourtant entrepris et, avec la collaboration du documentariste britannique Edward Watts, elle nous propose ce témoignage bouleversant, présenté en séance spéciale au Festival de Cannes 2019 et récompensé par l’œil d’or du meilleur documentaire de ce Festival, ex-aequo avec "La Cordillère des songes" de Patricio Guzmán.
Grâce à sa passion pour la journalisme qui est devenu son métier, elle a voulu nous livrer un documentaire poignant et émouvant s'adressant directement à sa petite fille Sama qu'elle lui dédie. Il nous montre une population syrienne démunie et confrontée à l'horreur la plus extrême dès son plus jeune âge (34 personnes tuées d'une balle dans la tête et menottées gisant au milieu de la rue à la vue des passants). Les images sont très dures, personnelles et te mettent extrêmement mal à l'aise puisque c'est une situation réelle : ce n'est plus du cinéma.
Cette œuvre bouleversante et criante de vérité nous montre de très près ce conflit syrien et les ravages engendrés sur les civils. J'ai été tétanisée devant ces bombardements, ces morts atroces et cet accouchement brutal par césarienne. C'est malheureusement encore ce genre de vie que la population syrienne subit à l'heure actuelle.
C'est un documentaire exceptionnel, fort et d'une justesse sans nom. Il est essentiel, nécessaire et impératif de le voir. Une récompense qui a autorisé le distributeur, KMBO, à affirmer sur l’affiche française que "Pour Sama"était le meilleur documentaire du Festival de Cannes 2019. Quelle modestie dans le propos : pas besoin de beaucoup se forcer pour affirmer que Pour Sama était le meilleur film du Festival de Cannes 2019 !

Activité sur Pour Sama