Une belle idée et un sujet difficile.

La belle idée est la naissance d'un amour entre deux jeunes adolescents, Marie et Victor, que tout sépare.

Le sujet difficile, c'est que Marie porte une maladie qui va progressivement la rendre aveugle alors que, violoncelliste passionnée, elle doit passer une audition pour un conservatoire de haut niveau déterminant pour son avenir.

L e sujet est difficile car peut très vite, cinématographiquement parlant, sombrer dans un pathos bien larmoyant ou au contraire dans le cliché à l'eau de rose.

Là, on peut estimer que Michel Boujenah, le réalisateur, la joue plutôt fine.

Victor est un cancre en classe et Marie va l'aider. Marie est plutôt douée en classe mais, à cause de son problème de cécité à venir, a besoin d'aide. Victor va se découvrir une âme de chevalier servant. Cet amour naissant ne fera pas appel à des sentiments de pitié mais à des attitudes de solidarité.

Là, où le film montre une certaine force, c'est que les enfants vont mettre leurs parents face à leurs devoirs. L'un (le père de Marie) parce qu'il veut trop bien faire. L'autre (le père de Victor) parce, déboussolé par son veuvage, ne s'occupe guère de son fils.

L'histoire est tirée d'un roman que je ne connais pas. Le scénario reste crédible sur le fond car on se contente d'une certaine sobriété, d'une certaine insouciance, d'actions qui restent à la hauteur des protagonistes. Pas d'action d'éclat, pas de solution miracle, pas d'héroïsme. On est dans le monde réel qui ne se projette pas vers un avenir incertain ou improbable.

Marie parviendra à faire son audition qui était son objectif dans le film sans augurer quoi que ce soit en termes d'avenir.

Boujenah traite son sujet avec simplicité et finalement bonhomie. L'amitié entre Marie et Victor n'est pas si simple à se mettre en place. Il y a les tentatives d'approche, les premiers contacts rugueux, les crises puis l'acceptation de la différence. On dit toujours que les enfants sont facilement cruels ou jaloux entre eux. Le point très crédible, ici, qui permet ce rapprochement malgré les différences, c'est que chacun a un problème personnel difficilement avouable. Lorsque le problème est enfin avoué, il permet à l'autre de pouvoir aider, en somme, de devenir le complémentaire.

D'un point de vue mise en scène, il y a de très beaux moments ou personnages. Le copain de Victor, par exemple, qui joue un rôle protecteur et avisé. De même la scène finale est très belle et particulièrement réussie, en évitant toute emphase.

Spoiler : alors que la vue de Marie s'assombrit, l'audition tant attendue se traduit par le bonheur de l'instant et la victoire sur le mal.

Mais il y a aussi des maladresses comme les aspects caricaturaux de certains profs destinés à forcer un peu inutilement le trait. Le père de Victor que je trouve, pour ma part, un peu trop dans le cliché. On aurait compris sans cela.

Côté musique, restent les morceaux de violoncelle joués par Marie qui sont très beaux.

En conclusion, le film est mignon. Les deux acteurs qui interprètent les rôles de Marie et Victor sont plutôt justes dans leurs jeux. Oui, film joliment mignon qu'il faut juste regarder avec son cœur.

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