« Un homme d’honneur », mini-série française flanquée de six épisodes tous plus ou moins brinquebalants les uns que les autres, vient d’Israël avec la série « Kvodo » d’abord reprise par les américains (« Your honor », dans lequel Bryan Cranston joue le rôle du juge). Autant dire que le voyage a été long (pratiquement le tour de la planète) et que la qualité était certainement meilleure du pays duquel Hiam Abbass est originaire. Ma foi… !

Moi qui attendais une série d’un réel acabit avec l’affrontement Kad Merad-Depardieu, j’ai été un peu déçu. Je vais vous expliquer pourquoi.

J’ai trouvé la mise en scène plate et sans idée qui ne soutient absolument pas l’envergure d’une telle réalisation qui se paye le luxe de filmer la capitale française de nuit, et uniquement en plans larges redondants. Ça fait bouche-trou, c’est insensé ! Quand je pense qu’un Frankenheimer prend la peine d’aller à Nice ou à Paris pour faire ressortir l’âme française (« Ronin »), ou même un Spielberg qui s’immisce dans l’Histoire européenne avec les représentants de Septembre Noir (« Munich »), je trouve que le réalisateur français sur « Un homme d’honneur » avait le droit de s’immiscer dans la métropole de 2 millions d’habitants et de nous disperser dans les rues, avenues et boulevards et de nous perdre entre la Tour Eiffel, la bute Montmartre et les Champs-Elysées. A côté, le « Tintin » spielberguien fait office de visite parisienne. C’est un comble ! Du foutage de gu**** même. Une série française, tournée en France, et à Paris, et qui n’est même pas capable de transposer un tant soi peu l’univers d’une traque sans merci, c’est ce que j’appelle du pipeau-pipeau. Tout simplement.

Ajoutons là-dessus un rythme qui se fait cruellement attendre à cause de l’assassinat théâtral du réalisateur, un certain Julius Berg, l’inconnu du bataillon des jurés. Ce faux rythme s’installe par d’incessants et multiples rebondissements qui n’ont pour attrait que de faire avancer une intrigue pourtant bien désossée. Intrigue qui dès le départ semblait briguée. De cette réalisation tonitruante découle un faux-rythme mené tambour battant pour les beaux yeux des spectateurs, c’est-à-dire, nous. L’on est ainsi déstabilisé par cette mise en scène pourtant dotée d’assez bonnes idées. Fausse bonne pioche Monsieur le juré-réalisateur.

Et qui dit réalisation entre deux-eaux, dit aussi fausse bonne idée de cette ambiance anxiogène à souhait qui se dénature au fur et à mesure des épisodes. Et tout cela à cause de ce faux-rythme. Julius Berg le juré a donné son avis ! Néanmoins, je ne peux qu’approuver le très beau coup de théâtre final qui fait plonger le spectateur dans l’enfer d’une vie en l’espace de cinq minutes. Sur une mini-série de six épisodes, cinq minutes, cela fait vraiment bigrement très court. Lorsque le juré Berg nous brinqueballe pendant 3 heures sur une affaire de criminalité et que seules les 5 dernières minutes valent la peine, c’est vraiment nous prendre pour du jambon. Désolé Monsieur le réalisateur, mais je m’attendais à une ambiance un peu plus travaillée. Ma sentence est adjugée ! Egalement, la musique est beaucoup trop omniprésente et gâche la mise en scène pourtant déjà bien ratée. L’ambiance générale se résume finalement en un mot : TF1. C’est malheureux à dire, mais ils avaient le filon pour tout réussir et ils se sabordent avec un point à ne pas négliger : l’ambiance. Comme c’est souvent le cas pour cette maison mère de la télé française qui a accouché, à des périodes données, du meilleur comme du pire (« Commissaire Moulin », « Julie Lescaut », « Une famille formidable », « Camping paradis », « Dolmen », « Les bracelets rouges », « Falco » … et tant d’autres !)

Notre lot de consommation ? Un casting luxurius, en roue libre, qui connaissait déjà leur partition. Un pesant d’or ! Merci à tous ! Gérard Depardieu (vu dernièrement dans « Fahim » de Pierre-François Martin-Laval), dans le rôle du gangster en prison, no problemo ! Avec son gros nez et son gros bide, cette participation exceptionnelle vaut tous les St Emilion qu’il a pu donner au président russe. Vive notre Gégé national ! Rod Paradot, le fils du procureur qui s’évade du cocon familial pour ne pas se faire tuer par le baron Depardieu, est touchant à souhait. Dans la lignée de « La tête haute », il récidive en termes de performance. Un diamant brut exceptionnel ! Intense et émouvant. J’adhère à 200% ! Kad Merad (César du meilleur acteur dans un second rôle en 2007 pour « Je vais bien, ne t’en fais pas »), en procureur de la République, trouve enfin un rôle plus étoffé qu’à l’accoutumé. En incorruptible et par moment, vraiment par moment, (si !) il m’a fait penser à un Kevin Costner jeune. Hélène Vincent (« Que la fête commence », « La vie est un long fleuve tranquille », « Samba » avec Omar Sy, …), la mère du juge Merad, par sa froideur et sa candeur, m’a fait penser à Béatrice Dalle dans le « Truands » de Schoendoerffer fils. Aure Atika (« La vérité si je mens » la propulse sur les devants de la scène) en femme féline de Depardieu le mafieux est parfaite en femme rigide pet’sec. Elle possède ce certain charme à l’italienne : un mix entre Carole Bouquet et Silvana Mangano. Avec également Zabou Breitman, Nicolas Duvauchelle et Emile Berling (le fils de Charles).

Pour terminer, si vous n’avez pas vu la série « Un homme d’honneur », vous n’avez rien raté, amis spectateurs, sauf le fait de s’être fait enguirlander encore une fois par TF1. Parfois, mieux vaut rester sur France Télévisions ou Arte quand les mêmes sujets sont évoqués. Au détriment d’être déçu, nous aurons quand même bourlingué notre carcasse en super bonne compagnie. Les Depardieu, Paradot, Merad, Duvauchelle et Hélène Vincent nous auront fait plaisir, et tant mieux, car grâce à eux, l’ennui ne nous a moins gêné. Merci à eux !

Activité sur Un homme d’honneur