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Pour la pagination, je me refere a la nouvelle serie de la collection Tradition de Gallimard. Dans le Chapitre I (p.14) sont evoques les 3 sens apparents de la Divine Comedie de Dante : i) sens litteral poetique, ii) sens philosophico-theologique (exoterique), iii) sens politico-social et un 4eme sens cache ou esoterique, qui constitue l'objet d'etude du present ouvrage. Dès la p.15 on retrouve le principe guenonien de la vérité principielle ou Tradition qui se cache derrière des religions (exoteriques) apparemment différentes; “les mystères antiques (la métaphysique et l’ésotérisme) n’étaient pas du paganisme ils s’y superposaient”. A partir de p.15-16 rappel fugace d’un côté de la distinction entre authentique religion (exoterique) et religion dégénérée ou superstition et de l’autre côté de l’importance des organisations initiatiques pour amener des initiés de la compréhension du monde via l’ordre exotérique (les autorités religieuses et juridiques) à la compréhension du monde via l’ordre ésotérique (la symbolique, le mystère, la Tradition) et la legitimite du crime d’hérésie pour contrôler des organisations initiatiques qui se détourneraient de ce rôle (en provoquant le désordre social par la connaissance d’un savoir ésotérique aux esprits non préparés; par la confusion entre ordre exotérique et ésotérique).^

Dans le Chapitre II (p.17), rappel que Dante aurait appartenu à un Tiers Ordre templier le Fede Santa et cette organisation initiatique aurait été pour lui l’accès au suprême degré de la hiérarchie templiere, d’où le choix de Saint Bernard comme guide a la fin de son voyage céleste (dans le Paradisio) puisque c’est lui qui a établit la règle de l’ordre du Temple. Dans le reste du Chapitre II Guénon rappelle la relation entre 7 lieux célestes choisis par Dante et les 7 arts libéraux médiévaux et il rappelle que ces 7 arts libéraux ou sciences médiévales avaient un sens profane et un sens ésotérique ; par exemple la mise en relation pythagoricienne entre musique et arithmétique qui fait donc le pont avec l’architecture et l’astronomie; d’où la compréhension du role “solaire” de l’arithmétique a la fois centre et mises en relations de toutes les sciences. Ainsi la musique et la géométrie/astronomie par la connaissance de la proportion dans les formes (architecture) et dans l’harmonie céleste.

Dans le Chapitre III (a partir de la p. 22) :

Guénon évoque le lien que fait un certain Aroux entre l’Enfer (monde des profanes) le Purgatoire (épreuves initiatiques) et le Ciel qui est le “séjour des Parfaits” qui ont à leur zénith l’intelligence et l’amour (je suppose au sens théologique c’est à dire le renoncement a l'ego et l'embrassement de Dieu).
il rappelle les spécificités du grade maçonnique du Prince de Mercy, 26e du Rite Écossais qui est symboliquement attaché au chiffre 3 (le vert blanc rouge, symboles de l’espérance, foi et charité ; le souffre, mercure et sel symboles de l’esprit de l’âme et du corps ; de la figure trinitaire chrétienne et de la représentation symbolique du delta chez les Égyptiens), un grade rattaché à l’alchimie par le mélange des 3 métaux et la médecine (spagyrique). Après avoir rappelé cela il conclut que ce grade est avant tout hermétique (c’est à dire qu’il maintient une étanchéité entre le savoir initié à l’encontre des profanes).
Dans le reste du chapitre Guénon reprend l’analogie d’Aroux entre les neufs cieux (les 7 premières planètes plus le Soleil et la Lune) et des grades maçonniques; il remet en cause les interpretations d'Aroux quant au rapprochement de la Lune avec les profanes (le monde profane étant censé être l’Enfer) et le fait que huitième ciel de Dante (le ciel étoilé) serait une apologie de l’évangélisme luthérien contre le catholicisme romain (puisque pour Guenon l’ordre ésotérique est supérieur à l’ordre exotérique--en l’occurrence les institutions et autorités religieuses nominales).
Enfin la fin du Chapitre III revient sur beaucoup de symboliques maçonnique notamment les p. 28, 30 et 31 ; il revient sur le lien de continuité entre l’ordre des Templiers et le Rosicrucianisme (Rose Croix) qui reste longtemps dans l’ombre ; il semble reprocher à Aroux et un certain Rossetti de s’arrêter à l’interprétation symboliste/ritualiste dans la Divine Comédie qui pour les profanes reste une forme qui cache le fond ou sens profond (ce qui semble contradictoire étant donné que Guénon encourage le savoir initiatique à moins qu’il conçoit ses écrits comme destinés uniquement à des initiés).

Dans le Chapitre IV (a partir de la p. 33) :

Guénon évoque l’influence de l’ordre de la Rose Croix qui “chapeaute” le Purgatoire donc les épreuves initiatiques (le symbole de la rose croix dans le Ciel du Purgatoire).
Petit apparté sur les rôles complémentaire de Saint Pierre (Église extérieure ou exotérique) et Saint Jean (Église intérieure ou ésotérique).
il démonte le discours politique que croit déceler Eliphas Levi ; Dante n’est pas le précurseur du Protestantisme ou de la Révolution par ses écrits, ceux ci ont un sens plus profond : le savoir ésotérique qui peut être dispensé par l’initiation auprès de la Rose Croix qui est aussi un ordre hermétique (étanchéité du savoir initié).
Guénon démonte le rapprochement de Dante avec kabbalisme, la symbologie de Dante notamment des chiffres serait beaucoup héritée de l’héritage pythagoricien et chrétien ; la tradition judaïque ne ressortirait que via les éléments chrétiens.
Rappel plus marqué que dans le chapitre 3 dans la relation entre tradition hermétique occidentale et Ordres de la chevalerie.

Dans le Chapitre V (à partir de la p. 41) :

Dante choisit Virgile comme guide pour les 2 premières étapes de son “voyage” car celui ci a un savoir initié (il est le mentor à même de l’aider à naviguer dans l’Enfer et de lui faire traverser les épreuves du Purgatoire).
Rappel des analogies établies entre la tradition chrétienne et la Divine Comédie (Dante va chercher les Rameaux en Enfer le lundi Saint de la mort de Jésus qui est la fête des Rameaux et va s’échapper des Enfers le dimanche de Pâques c’est à dire le jour de la résurrection de Jésus).
Rappel des très nombreuses analogies entre la trame de la Divine Comédie et la trame du Voyage Nocturne de Mohammed guidé par Gabriel écrit par Mohyddin ibn Arabi.
Guénon rappelle que ces analogies ne sont pas étonnantes d’une part parce qu’il y a eu des échanges entre l’Orient et l’Occident via les Ordres de la chevalerie donc la Rose Croix et surtout parce que le récit initiatique est censé décrire une vérité principielle qui, si elle revêt des habits culturels différents (dans la chrétienté, l’islam, l’Inde…), reste la même par définition.

Le Chapitre VI allant de la p. 48 à 52 sur l’interprétation des trois mondes (Enfer, Purgatoire, Paradis/Cieux) semble être le plus explicite et le plus compréhensible, avec des rappels theologiques tires des Evangiles, de l'exoterisme islamique et de la tradition hindoue. Dans ce Chapitre Rene Guenon rappelle aussi pourquoi la descente au Enfers est un prealable necessaire avant les epreuves initiatiques et l'ascension vers les cieux (entre autres epuiser des possibilites d'ordre inferieur que l'etre porte encore en lui). Ce processus de descente/ascension ferait egalement le lien avec la symbologie cosmique du Chapitre VIII, avec le symbole du regne vegetal et le symbole du regne animal notamment.^^

Le Chapitre VII porte sur la symbologie des nombres : 3 et 9, 7, 11 et ses multiples, 515 et 666.

3 : division generale ternaire du poeme ; 3 mondes

9 : le nombre de Beatrice ; carre de 3 (le grade de Prince de Mercy se refere beaucoup a Beatrice, voir Chapitre II).

7 : nombre sacre aux innombrables interpretations, dont l'analogie entre les 7 planetes connues a l'epoque et les 7 arts liberaux medievaux ;

11 : symbole considerable dans le symbolisme d'organisations initiatiques ; probablement une reference cachee de Dante a l'ordre des Templiers detruit par Philippe Le Bel et le Pape Clement V.

22: le rapport 22/7 renvoie au rapport de la circonference au diametre, donc un cercle, figure Pythagoricienne parfaite.

Autres multiples de 11 : 33 --> nombre des annees terrestres du Christ qui se retrouve dans l'age symbolique du Rose-Croix maconnique. 66 --> valeur numerique totale du nom d'Allah en arabe. 99 --> nombre des principaux attributs divins selon la tradition islamique.

666 : nombre de la bete ou nombre d'homme selon l'Apocalypse. Il y a 666 vers entre la prophetie de Ciacco et celle de Virgile et 666 vers entre Brunetto Latini et Farinata.

515 : signification directement contraire a 666 dans la prediction de Beatrice. En latin DXV qui peut se comprendre comme Dante, Veltro di Cristo (Dante envoye de Dieu/Christ) ou par *Dux si l'on intervertit DXV par DVX. Par ailleurs la somme de 5 + 1 + 5 = 11 et 5 et 6 (1 + 5) sont les nombres symboliques du Macrocosme et du Microcosme qui sortent l'un et l'autre de l'unite principelle selon Dante et l'association des deux forme 65 soit LXV en latin ou LVX (Lux*, ou Lumiere, par la meme intervertion que precedemment). En hebreu le nombre 65 et celui du nom divin d'Adonai.

Le Chapitre VIII, le plus interessant selon moi decrit les cycles cosmiques que l'on retrouve dans la Divine Comedie. En situant son recit entre 2 precessions d'equinoxes de Printemps (l'equinoxe de Printemps est la periode d'initiation des Cathares) c'est a dire au milieu d'un cycle de 26 000 ans decoupe en 2 (deux fois 13 000 ans), sachant qu'en 1300, le moment de l'action, le christianisme existe depuis 13 siecle soit un dixieme de demi-cycle). Fixer ce moment du cycle (Grande annee chez les Perses et les Grecs) permet d'aligner symbolisme chronologique avec symbolisme geographique de Jersusalem (par le symbole du regne mineral p. 65).^^^ De la meme maniere le symbole du regne vegetal p.67 permet de relier Jerusalem (qui est le point d'entree des Enfers) avec le Mont Purgatoire (qui est le point d'entree vers le monde des Cieux).

La Conclusion de l'ouvrage met en garde contre des interpretations trop systematiques dans la Divine Comedie et les Annexes font des clarifications, precision de sources etc. par rapport au texte original de Rene Guenon.

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^ : p. 16 Guénon reconnaît que l’accusation d’heretisme sert aussi d’accusation politique pour détruire une organisation trop puissante qui risque de devenir un adversaire politico religieux trop puissant (la destruction de l’ordre du Temple par exemple).

^^ : De ma comprehension, le rayon vertical du cercle indiquant le processus de descente puis d'ascension a partir de son croisement avec le rayon horizontal du cercle ou demi-rayon dans le cas du symbole du regne animal. Ce processus est plus facilement comprehensible si l'on se represente ces symboles en 3D.

^^^ : p 66 Guenon rappelle que se fixer au milieu du cycle chronologique (la Grande annee) et d'un centre geographique (Jerusalem) c'est se placer au point ou s'equilibrent deux tendances adverses, c'est a dire, une verite profonde au point de vue proprement initiatique, puisque l'etre doit avant tout identifier le centre de sa propre individualite (represente par le coeur) avec le centre cosmique de l'etat d'existence auquel appartient cette individualite. Autrement dit un "rayon divin" qui, dans son sens ascendant, conduit directement aux etats superieurs qu'ils s'agit d'atteindre (renoncement a l'ego et embrassement de Dieu je suppose).

Activité sur L'Ésotérisme de Dante