Alan Purcell n’est pas un citoyen comme les autres. Il est à la tête d’une petite entreprise chargée de fournir des scripts à la toute puissante chaîne Télémédia. Scripts nécessairement ultra-conformistes pour pouvoir être compatible avec le Rémor (Réarmement Moral) qui est le mantra de ce média. Si Alan Purcell est différent c’est parce qu’il est le rouage qui va gripper cette machine si bien huilée.

Philip K. Dick nous dépeint une société dystopique et absurde dans laquelle tout le monde se doit d’être ultra-conformiste. Tout ce qui sort du rang est immédiatement rejeté et condamné, chacun se doit de tenir le rôle qu’on lui attribue. Cerise sur le gâteau ce sont les citoyens eux même qui sont d’une certaine manière les garants de cette bienséance exacerbée. En effet ils habitent tous dans un îlots qui chaque semaine tient une assemblée durant laquelle chacun est sommé de s’expliquer sur ses comportements immoraux. Durant ces « procès » chaque citoyen peut questionner l’accusé de manière anonyme avant que finalement les surveillantes des îlots tranchent et décident d’une sanction (pouvant aller jusqu’à l’exclusion de l’îlot, peine ultime dans cette société). Je m’attarde sur ce passage parce qu’il est emblématique du roman et du talent de K. Dick. A la lecture des chapitres relatant ces assemblées, je ne pouvais m’empêcher de faire le lien avec certaines dérives auxquelles internet doit faire face aujourd’hui comme l’impunité conférée par l’anonymat par exemple. Le Profanateur nous montre une société lisse où rien ne dépasse mais dont les citoyens se défoulent les uns contre les autres sous le couvert de l’anonymat, une nouvelle fois K. Dick vise juste et prouve qu’il est un maitre incontesté de la SF

En bref PKD nous offre une superbe parabole sur notre monde moderne qui fait réfléchir sur le danger des comportements moutonniers.

Activité sur Le Profanateur