A l'instar des plans-séquence, et surtout du plan-séquence d'introduction qui est l'un des plus impressionnants que je n'ai jamais vus jusqu'ici, les performances des "acteurs" sont bluffantes dans Athena. "Acteurs" entre guillemets car si des comédiens professionnels du cinéma jouent des rôles importants comme Alexis Manenti dans le rôle de Sébastien, des personnes n'ayant jamais tourné pour le cinéma auparavant ont eu droit à des rôles principaux comme Sami Slimane dans le rôle de Karim. Je parle d'acteurs au masculin car c'est une énorme majorité masculine qui domine le film, et concernant ce sujet, je n'y vois pas de problématique réelle car le film me semble (et oui, j'ose le dire) réaliste, et cohérent.

Concernant l'histoire, nous suivons les 3 réactions bien distinctes de 3 hommes (Abdel, Karim et Moktar) face au meurtre de leur frère, le jeune regretté Idir. Si l'un, lieutenant de l'armée française réagit (au départ) de manière diplomate, l'autre souhaite à tout prix se venger de ceux qui ont tué Idir, et le dernier pense surtout à protéger ses business illégaux face à l'arrivée de la police dans la cité.

Une guerre civile se répand dans la cité ainsi que dans plein d'autres villes de France, et nous apprenons à la fin, attention spoiler : que contrairement à ce que beaucoup croyaient, d'où les attaques contre la police des jeunes habitants de la cité d'Athena, ce ne sont pas des membres de la police qui ont tué le jeune Idir mais bien comme le proclamaient certains médias, un groupuscule d'extrême droite qui a mis en scène une fausse bavure policière. Cette fin avec un arrière-goût de "tout ça pour ça" ou "tout ça pour rien" est difficile à accepter pour le spectateur et je comprends qu'elle ne plaise pas à tous.tes mais je l'ai trouvée assez maligne afin de conclure cette histoire où règnent rebondissements sinistres et chaos. Egalement le fait que le peut-être sous-estimé personnage de Sébastien, qui représente un ancien combattant de Daesh fiché S fasse sauter toute une tour de la cité, est une conclusion potentiellement inattendue, chaotique, mais surtout cruelle, à l'instar de ce que les personnages d'Abdel, Karim ou encore Jérôme (un CRS) vivent tout au long du film. Après mon éloge de ce selon moi grand film qui aurait dû apparemment au départ s'intituler "Guerre", j'émettrais un regret : le rythme d'action si entraînant baisse à la tragique mort du personnage de Karim, lorsqu'Abdel reprend le lead de personnage principal.

Je vous invite à visionner le making-of de ce long-métrage qui parle notamment de la composition ou plutôt (re)composition musicale, et de la relation entre toute l'équipe cinéma et les habitants de la cité utilisée pour le film en amont du tournage. En bref, une production Netflix certes, mais du grand spectacle, du grand cinéma. Félicitations aux excellents Romain Gavras et Ladj Ly qui ne m'ont pas déçue dans cette collaboration pour Athena.

Activité sur Athena