Thèmes : Drame / Histoire de Joseon / Enquête / Pouvoir / Corruption Bromance : 40 % / Romance : 0% / Féminisme : 0% / Paternalisme : 0 % *

Ce drama historique met en scène le conflit entre le prince héritier Sa-do et son père, le roi Yeong-jo, 21e roi de la dynastie Joseon.

Yeong Jo est un roi impitoyable et cruel qui impose une autorité sévère. Il règne en tant que maître absolu et utilise tous les moyens diaboliques et grossiers pour parvenir à ses fins. Contrairement à lui, Lee-seon, son second fils, connu sous le nom de prince héritier Sa-do, est un jeune homme intelligent et idéaliste. Ce dernier rêve de faire de son pays un monde où tous seront égaux...

Mon Dieu, qu'il m'a été difficile de regarder ce drama. Cela a été assez anxiogène pour moi. D'une part parce que l'Histoire est déjà écrite et donc qu'il est impossible que l'issue de l'histoire en train de se jouer sous nos yeux soit autre, et d'autre part parce que le personnage de Lee-seon apparaît tellement bon,

que c'était d'autant plus dur d'en accepter le destin.

La série part donc d'une page sombre et énigmatique de l'histoire de Joseon (ceux qui ne la connaissent pas peuvent taper les noms des deux protagonistes dans leur navigateur) et si nous ne connaitrons jamais la vérité pour sûre, si la controverse ne sera jamais éteinte, les scénaristes ont choisi le même postulat que le livre de Lee In-hwa, L’Éternel empire, à savoir que le prince Sa-do n'était pas un fou dangereux mais un visionnaire...

Les personnages du roi Yeong-jo et de Lee-seon sont fascinants. Han Suk-kyu, habité par une certaine folie, est admirable dans le rôle du premier, roi cruel et diabolique. Couronné illégalement, il vit dans la terreur que son secret soit mis au jour, agrippé à son trône, jouant avec ses sujets et son propre fils, le redoutant lorsque ce dernier se rapproche petit à petit de la vérité... Lee Je-hoon et sa beauté angélique sied parfaitement au rôle de Lee-seon, solaire et magnifique, oiseau à qui on a coupé les ailes dans un palais qu'il considère comme une prison, sa seule échappatoire étant les échanges qu'il a avec son seul et unique ami, le jeune peintre officiel de la cour. D'ailleurs sa première apparition est aux côtés du jeune homme, dans une scène faisant ressortir le côté candide et innocent du prince.

Il est émouvant ce jeune héritier, condamné à prendre la place de son père, devant subir ses multiples sautes d'humeur et ses décisions injustes, bravant les interdits, imaginant naïvement que la justice puisse triompher, lui qui est manifestement né à la mauvaise époque, dans la mauvaise famille, dénué de toute ambition, autre que celle d'être un artiste...

La série nous entraîne dans une enquête menée par ce jeune homme humaniste et têtu qui cherche à tout prix à découvrir les coupables du meurtre qui l'a bouleversé. Petit à petit, il déterre des secrets et se rapproche d'une vérité que de nombreuses personnes au palais voudrait taire... Il est observé, et en premier lieu par son père.

Bien sûr, le quotidien du palais n'est fait que de mensonges et de complots. Tout un monde dans lequel Lee-seon ne veut pas vivre, un monde de saletés qu'a accepté Yeong-jo le jour où il a choisi d'être roi.

Lors d'une scène, le roi dit de son fils et de ses actions que "c'est ce qu'un vivant fait dans le palais". Cette phrase sous-entend qu'il voit que Lee-seon n'a pas pas sa place dans ce palais mortifère, cet endroit toxique, gangréné par la corruption, conservateur, et qui ronge à petit feu ceux qui ont le malheur d'y vivre. Il voit en son fils un être éveillé, résistant, pur... Peut être a-t-il lui même été comme Lee-seon à une époque ? Je vois Lee-seon comme un oiseau qui est enfermé dans une cage et qui tente à tout prix de s'en échapper en se frappant contre les parois, ayant conscience qu'il n'y parviendra pas. Un être de lumière au milieu de toutes ces ombres. On sent à quel point il est seul.

La perte de son seul ami est un crève-coeur pour lui et pour le spectateur.

La série, tout en développant tout un arc narratif politique, tourne avant tout autour des relations entre le jeune homme et son père. Le roi Yeong-jo appréhende les découvertes de son fils mais il l'admire. Il admire son honnêteté absolue, sa liberté, son innocence. La scène où le roi observe avec étonnement et admiration le prince en train de peindre alors qu'il est transi de froid par sa faute, le visage radieux malgré son corps endolori, tout cela parce qu'il tient un pinceau, c'est très émouvant...

La série a l'intelligence de dresser des portraits complexes des deux hommes et de leurs relations ambigues. Elle suit le destin de ces personnages -et de nombreux autres qui gravitent autour- au cours de 24 épisodes. Cela peut paraître un peu long -et cela a été éprouvant pour moi, comme j'en ai fait la remarque au début de cette critique. Ne vous attendez pas à de l'humour, le drama restant dans un ton sérieux, sombre et dramatique. Toutefois, la présence de l'adorable Kim You-jung apporte une touche bienvenue de douceur et un peu de chaleur à ce drame. Pas vraiment de féminisme dans la série, les personnages féminins n'étant ni nombreux ni réellement fouillés.

Secret door est une série sombre, une tragédie sur le pouvoir qui corrompt et le prix à payer pour le conserver. C'est aussi, à l'opposé, l'histoire de l'innocence sacrifiée, celle d'un être d'une extrême pureté qui refuse ce système, un être passionné d'égalité et de justice, trop en avance sur son époque. Tout en évoquant une page dramatique de l'histoire du pays du matin calme, le drama conserve une modernité de tous les instants à travers ce récit politique aux accents de corruption.

*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094

Activité sur Secret Door