Lagaffe nous gâte gâte davantage par ses gags n'étant pas tous à l'origine de gaffes.

En effet, ce tome nous présente un Gaston, certes toujours maladroit, mais plus intelligent que dans les tomes précédents: en gros moins ahuri et plus décalé par rapport à la réalité que cela soit objet de gaffes ou pas.

Ce qui fait qu'il ressemble davantage à un génie incompris et isolé qu'à un idiot exaspérant.

Moins ridicule, plus joyeux, plus inventif, Lagaffe devient moins gaffeur tandis que ce sont les personnages qui l'entourent qui deviennent tantôt ridicules, tantôt résignés face à la personnalité de Gaston qu'il faut accepter tel qu'il est.

Même Demasmaeker, pourtant encore objets de gags au point que même Prunelle, au lieu d'être en colère, finit par hurler de rire quand notre héros sans emploi le ridiculise involontairement, commence à apprécier le talent de Gaston. Plus particulièrement celui de la mécanique d'horlogerie après avoir remarqué le talent de Gaston pour la cuisine dans Gare aux gaffes du gars gonflé.

En parlant de faire du neuf avec du vieux, cet album fait une sorte de clin d'oeil à Gala de gaffes à gogo où Gaston avait mis lui-même et Fantasio dans une sale situation après que notre cher héros sans emploi ait crié...

22! Voilà les flics!

...dans le parlophone de la Rédaction.

Dans Lagaffe nous gâte, ce même type de gag est mis en scène de manière également involontaire mais à travers le caractère farceur de Gaston se moquant ouvertement de l'orgueil du sadique Longtarin qui, victime d'une blague du farceur, aura ses propres collègues sur le dos et criera

VINGT-DEUX! V'là les copains!

Pour revenir aux nouveautés, Gaston, en plus de ne plus être un idiot, devient un génie incompris face à un Prunelle vicieux bien plus antagonisé que Fantasio.

En effet, contrairement à ce dernier, monsieur "Rogntudjû" n'a ni un côté gaffeur faisant qu'il est proche de Gaston malgré lui, ni aucun brin de tendresse envers lui. Rabat-joie, colérique, méprisant et sans compassion: Prunelle apparaît davantage comme un antagoniste. Ce qui fait passer Gaston d'anti-héros à héros; plus précisément protagoniste de la vie quotidienne.

On ressent également une mise en abyme de l'auteur de plus en plus isolé subissant le rythme infernal de Dupuis dans une dernière historiette très triste avec Gaston se faisant enguirlander par la Rédaction et ne trouvant du réconfort qu'une fois seul dans son bureau.

Ce fut le dernier album de la série officielle où Fantasio apparut. Dans cette mésaventure, il n'est présent que pour être victime d'une énième gaffe de Gaston le transformant en poisson pané surgelé.

Après cela, Gaston prit son indépendance après être apparu dans un mini-récit de Spirou et Fantasio et vécut dans son propre monde tandis que Fantasio reprit son rôle de héros aux côtés de Spirou.

Activité sur Lagaffe nous gâte - Gaston (première série), tome 8