Considéré comme faisant partie du top 100 des meilleurs albums du 20eme siècle, pour moi il est dans le top 20, si pas le top 10.

cela fait 40 ans que je l’écoute. …

Deux moments dans cet album concept : la première partie constituée de chansons très belles et la seconde partie, détachée de la première, the ninth wave. En français, la neuvième vague. Pour les marins, c’est ce qu’ils nomment une vague scélérate, qui vient sans prévenir et peut couler un bateau.

Kate Bush s’est inspirée d’un poète anglais, Tennyson, qui évoquait cette situation : les chansons, depuis under ice, forment un tout, évoquant une personne tombée à l’eau et qui tente de survivre.

Et là, on passe de la beauté à quelque chose d’autre, une véritable œuvre d’art où la sensibilité de l’artiste nous parvient directement, nous percute

C’est l’occasion d’aborder différents concepts : la décorporation (under ice, watching you without me), les illusions perceptives (jig of life où elle se voit elle même venant du futur, pour se convaincre de survivre. .. oui, c’est très abouti et conceptuel, et la chanson est extraordinaire) la peur de mourir, les pulsions de mort (waking the witch, ou comment rendre compte d’une lutte entre l’envie de survivre et la tentation de l’abandon ) et bien sûr le retour à la vie avec l’éblouissant hello earth et ces chœurs d’un groupe venu d’Europe de l’est suivi de the morning fog.

Parmi tous les albums de Kate Bush, celui-ci est différent. Ce n’est plus simplement de la musique agréable à écouter, c’est… autre chose. On sent qu’il s’est passé un truc – j’ai envie de dire, kate bush a été touchée par la grâce, c’est toujours ce qui me vient à l’écoute - et finalement, c’est peut-être la définition d’une authentique œuvre d’art : on est touché profondément, sans pouvoir mettre des mots.

Pour la conception, il faut quand même savoir que c’est du home made : kate bush avait chez elle un synthétiseur échantillonneur, un des premiers et elle a conçu seule les ébauches des chansons (rien que ça, entre nous, c’est stupéfiant). Cette femme est un génie, à n’en pas douter et c’est d’ailleurs ce qui rend l’album émouvant : on sait qu’on tient là l’émanation de quelque chose qui nous dépasse. Après, mickael Kamen a participé aux arrangements, ce qui a dû contribuer à la qualité de l’ensemble.

Au final, c’est à la fois très abouti, complexe, foisonnant. Ce n’est pas de la musique au rabais, loin de là, ce qui rend l’album difficile à appréhender. Il faut l’écouter, prendre le temps de le découvrir. Mais ça vaut le coup. Vraiment.

Activité sur Hounds of Love