Après plusieurs courts métrages aux univers et aux sujets parfois singuliers comme Sexy Self Service et son histoire futuriste de corps congelés à louer comme objets de plaisir, Bruno Gantillon réalise avec Morgane et Ses Nymphes son tout premier long métrage en 1971 (formidable année soit dit en passant !) . Un film qui fera immanquablement penser à ce bon vieux Jean Rollin tant l'univers des deux réalisateurs semblent parfois se confondre étrangement.

Morgane et Ses Nymphes raconte l'histoire de deux amies qui s'égarent et tombent en panne dans une forêt qui semble labyrinthique. Après avoir passées la nuit dans une maison abandonnée l'une des deux jeunes femmes disparaît, obligeant la seconde à suivre un étrange homme jusqu'à un château perdu dans l'espoir de la retrouver.

Les similitudes entre le premier film de Bruno Gantillon et les films de Jean Rollin sont assez nombreuses à commencer par cet univers onirique, poétique, fantastique et érotique essentiellement habité par des jeunes femmes étranges et nues sous des violes vaporeux et translucide. On retrouve également l'aspect un peu verbeux et théâtrale de dialogues ampoulés et un rythme extrêmement posé et lent (ou chiant selon les goûts). Toutefois il ne sera pas question ici de vampirisme puisque Morgane et Ses Nymphes nous invite à une histoire de fées qui vivent recluses dans un château promettant jeunesse et beauté éternelles à celles qui acceptent de rejoindre et se perdre dans cette étrange communauté. Globalement les enjeux dramatiques sont pas vraiment captivants et il manque beaucoup trop de relief aux personnages et au contexte féérique pour vraiment embarquer le spectateur. On comprendras assez aisément les hésitations de l'héroïne à devenir une fée ce qui à l'écran représente juste la perspective d'une belle et longue éternité à se faire chier dans un château pourri mais en restant toujours belle. Bon j'exagère un peu puisque cette communauté offre aussi la possibilité de vivre sans hommes et de s'abandonner aux plaisirs saphiques avec plein d'autres jolies fées. Car Morgane et Ses Nymphes peut être plus encore qu'un film fantastique est surtout un joli film érotique qui célèbre avec une certaine douceur les amours lesbiens. Le film fait donc la part belle aux étreintes de jolies demoiselles avec un regard certes un peu voyeur mais surtout délicat et sensuel. Car ce qui différencie Bruno Gantillon de Jean Rollin c'est sans doute le grand soin que le réalisateur porte à ses cadres, ses prises de vues et sa mise en scène faisant de Morgane et Ses Nymphes un film plutôt élégant dans sa forme et souvent beau à regarder. Même si l'intrigue manque d'épaisseur le film nous offre tout de même quelques jolis moments comme le regard perdu et désespéré de vieilles femmes qui semblent attendre la mort et qui sont d'anciennes fées que Morgane a punies en leur retirant jeunesse et beauté.

Si Morgane et ses Nymphes est un film au casting à 99% féminin avec d'ailleurs une ribambelle de très jolies actrices, l'unique personnage masculin est quant à lui un nain bossu en collants roses et maquillé comme une voiture volée interprété par le comédien Alfred Baillou. Véritablement nain et bossu le comédien jouera dans une quarantaine de films avec des rôles toujours très marqués par son physique particulier. Le comédien toujours très emphatique dans son jeu incarne ici le fidèle serviteur de Morgane dont il est forcément fou amoureux donnant à son personnage un petit côté tragique pas désagréable du tout.

Morgane et Ses Nymphes est un joli film un peu chiant , si le film est rempli de jolis choses à regarder (et je ne parle pas uniquement des filles nues) il est aussi un petit trop vide d'enjeux pour vraiment captiver l'attention.

Activité sur Morgane et ses nymphes