Très chouette. On parle pas souvent de vagin, ici, ce n'est que de ça dont on parle, du vagin d'une ado qui ne permet pas la reproduction et qui est trop étroit pour une pénétration alors que c'est l'âge où la jeune fille commence à avoir des envies.

Le scénario est bien écrit ; je suppose que l'auteure parle d'elle, ça semble tellement concret, si pas elle s'est bien documentée, pareil pour retranscrire la vie d'ado, ça ne semble pas factice, on reconnaît les inquiétudes et l'auteure banalise leur façon d'être (par exemple, le rapport au porno) qui n'est donc pas 'dénoncé' comme une mauvaise chose, au contraire, l'auteure a l'intelligence de rester neutre à ce sujet ; les jeunes ont ce rapport au porno plus prononcé que durant mon adolescence, c'est comme ça et puis c'est tout, ça n'en fait pas des mauvaises personnes ou des jeunes qui font de mauvais choix. On pourra évidemment analyser les choix des personnages, par exemple la jeune fille se sent forcée de sucer pour retarder le plus possible le moment où elle devra avouer à son copain que son orifice n'est pas encore prêt à le recevoir. Mais on ne dénonce pas ça comme dans un pamphlet féministe et antipatriarcat, on le montre juste, en tant que spectateur, on peut trouver ça dommage qu'elle ait un tel rapport au sexe ou prendre ça sans jugement, pas de règles.

L'on constatera que tous les personnages sont égoïstes et peuvent être 'méchants'. Ils le sont pas forcément, c'est juste qu'ils ne comprennent pas forcément tout, qu'ils ont leurs pulsions, leur propre vie en référence et que, comme dans la réalité, ils jugent les autres d'après leur propre vie. Par exemple. La mère peut être insupportable mais quand on creuse, on sait que cette 'méchanceté' n'est pas volontaire ni vraiment méchante. Autre exemple amusant, la demoiselle est forcément obsédée par la taille de son vagin qu'elle se doit d'élargir après de longs entraînements (insérer des godes médicaux de plus en plus grands sur une période de plusieurs mois), elle ne pense qu'à ça, pourtant dès qu'elle entend un garçon parler de la taille de son zizi, elle lève les yeux l'air de dire 'c'est bon, arrête de penser qu'il n'y a que ça qui importe'. L'héroïne va même côtoyer le milieu LGTB+ sans vraiment comprendre, en gaffant. Je trouve ça bien. Parce que ENFIN on nous montre que c'est normal de se tromper de dire des conneries. Ce qui sauve tous ces personnages, ou presque tous, c'est leur volonté de bien faire et donc de corriger le tir quand c'est possible.

Et c'est p'tet ça qui rend ce film si sympathique. Et ça m'amène à parler d'autre chose. Ce film est diversifié en terme de casting. On a plein de couleurs de peau différentes, des tailles différentes et même une personne présentant un handicap (son introduction est d'ailleurs assez drôle). Mais au lieu de lisser tous ces personnages 'différents' comme dans beaucoup de films woke, l'auteure va les traiter normalement. Un gynéco blanc qui ne peut s'empêcher quelques remarques déplacés, oui, mais aussi des noirs qui se foutent de a gueule de l'héroïne, un handicapé qui n'a pas su la fermer quand il aurait dû, ... TOUT le monde est égoïste dans ce film. Et quand au final tous les personnages sont traités de la même façon, alors effectivement on ne voit plus la différence de couleurs, de tailles, etc. .

De plus, tous les acteurs sont excellents ; on appréciera surtout la performance incroyablement naturelle et touchante de Maddie, déjà aperçu dans la comédie musicale de Sia, mais ses co-stars ne se laissent pas bouffer pour autant. Les décors sont bien exploités. Le découpage est sobre mais réfléchi. Le montage est bien rythmé. L'humour prend bien aussi bien que le drama qui n'est jamais lourd.

Et on termine bien. Sans gros happy ending, juste l'essentiel, à savoir s'accepter. Mais l'héroïne ne va pas cocher toutes les cases du bonheur pour autant. D'ailleurs on pourrait aisément imaginer une suite à l'âge adulte.

Bref, C'est un très bon film.

Activité sur Ma vie, mes règles