Roland Garros en 81 côté courts et côté vestiaires. Ses légendes du tennis, ses innombrables anonymes, et comme un subtil parfum de paradis perdu.

En deux heures et 14 chapitres, on croise beaucoup de monde dans cette fourmilière :

Nastase fait le clown dans les vestiaires pour amuser Chris Evert ou sur le court pour les spectateurs, Borg se plie à ses obligations de superstar avec patience et politesse, McEnroe râle contre la pluie et prend un avertissement pour avoir tapé le filet, Connors déconne avec Nastase, Lendl (21 ans) refuse de se mettre torse nu pour le massage et fait de l'humour politique, Noah exhibe sans honte le "slip" atroce qu'il porte sous son short, une joueuse repasse sa jupe, une autre va chercher son gain en billets et pièces à la caisse, les gamins envahissent le court dès le match fini, Martina Navratilova danse avec Borg, Hana Mandlikova (ma joueuse préférée) gagne le tournoi et embrasse ses parents dans les vestiaires, les spectateurs fument, les gamins scandent "On aaaa gaaagné !" quand Borg gagne la finale, Patrick Dominguez joue les traducteurs pour Stéphane Collaro... On croise aussi Pecci, Vilas, Gottfried, Panatta, Tulasne, Leconte (fugitivement), Ion Tiriac, Arthur Ashe, Jacques Dorfmann (qui se fait engueuler par McEnroe), Philippe Chatrier, Lino Ventura.

Klein n'oublie pas de filmer les spectateurs issus de tous les milieux sociaux, les agents de police aux grilles d'entrée, les juges de ligne, les journalistes, les canettes écrasées dans les gradins, la pluie et les parapluies.

C'est incroyablement immersif, joyeux, décontracté et donne l'impression d'une ambiance presque familiale. Le tournoi de Roland Garros n'en était qu'au début de sa transformation en énorme machine médiatique qu'elle est devenue ensuite.

Au-delà de l'ambiance d'un tournoi de tennis, Klein a surtout réussi à capter parfaitement celle des années 80, en filmant des détails : les coiffures moches (la palme aux tennismen), les vêtements, les bobs, les billets en francs, les cigarettes... Ça parle à l'ado des années 80 qui est toujours en moi. C'était l'époque où je commençais à m'intéresser au tennis (j'ai vraiment plongé en 82 avec la victoire de Wilander). Ce documentaire a donc une double charge de nostalgie : celle d'un tennis vivant (Merci Nastase et McEnroe !) et celle d'un âge insouciant.

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