Je pensais avoir déjà écrit une critique sur ce drama, mais j'ai dû y renoncer car il y a trop à dire. Honnêtement, je pense pouvoir faire un commentaire de texte sur cette série, tant il y a de détails et de symboles à pointer du doigt.

Malheureusement le temps me manque, mais je dois profiter d'avoir regardé une seconde fois la série pour écrire à son sujet, puisqu'elle est fraiche dans ma tête.

C'est clairement une surprise. J'ai dû la regarder en 2019, et je n'avais vraiment aucune attente. La chirurgie me fait grincer des dents, je n'avais à l'époque aucune idée de qui était Cha Eun Woo, et le titre me faisait avancer à reculons, je l'ai donc lancée en pensant l'arrêter aussitôt.

Et pourtant. Le scénario n'est pas une simple romance qui parle de beauté intérieure en mode "je t'aime pour ce que tu es", c'est bien plus que ça. C'est un drama qui parle de la place des femmes dans la société. Qui parle de la beauté des femmes. Qui parle des rapports entre hommes et femmes, et entre femmes et femmes. On pourrait regretter que la notion d'homosexualité soit laissée de côté, mais finalement ce n'est pas plus mal : c'est un sujet qui ne mérite pas d'être survolé, et il y avait déjà énormément à dire dans le parti pris qu'ils ont choisi.

Le personnage principal est une jeune fille harcelée à cause de son visage jugé vilain. La réalisation choisi de ne jamais montrer le visage en question. On devine un grand menton, une peau foncée, des arcades avancées, mais il ne nous est pas imposé de consensus sur ce que doit être un laid visage (contrairement à d'autres dramas du même type où on essaye de nous faire croire que des grosses lunettes et des joues rougies par la sècheresse sont un gage de laideur). C'est donc un premier bon point. Cette jeune fille, au bord du suicide, décide de se faire refaire entièrement le visage avant d'entrer à l'université. L'actrice choisie est effectivement une "Gangnam Beauty", c'est à dire une femme rendue "belle" par la chirurgie esthétique. C'est une évidence, ça se voit littéralement comme le nez au milieu de la figure sans mauvais jeu de mot. Tout est fake, du menton aux lèvres en passant par les yeux et le nez, ça pique pour des yeux d'européens, mais ça a le mérite de ne pas être hypocrite pour un sou : Mi-Rae, le personnage, admet elle-même que sa chirurgie est évidente. L'effet est immédiat : la voilà enfin acceptée par le groupe, mais en même temps moquée à cause de sa chirurgie. Rendue obsédée par la beauté-dite des visages féminins, et bien que d'une nature très simple, elle a pris l'habitude de les "noter" et de les envier.

Le drama est, sur un plan, son voyage vers sa libération de cette obsession, et de sa peur panique du regard des autres, et sur un autre plan, un entremêlements de personnages à la fois "types" et extrêmement diversifiés. Le harcèlement pèse dans le scénario comme une enclume à la cheville : tous les portraits de femmes, si différentes soient-elles, le subissent. Si je n'en oublie pas, elles sont douze. Douze femmes, qui font face au poids de la société d'une façon ou d'une autre : soit en l'embrassant, soit en se forçant à jouer un jeu qui les rend malheureuses, soit en luttant, en se blessant, en blessant les autres, en refusant de se changer, en tirant sur ses comparses, en soutenant des choix qui les rend tristes, en se vengeant comme elles peuvent... Et je parle du poids de la société, mais le drama est très clair là dessus : cette société, c'est celle des hommes. Eux aussi ont des personnalités très différentes, mais ils participent quasiment tous au mal-être des femmes, en les réduisant à des poupées dont seul le physique compte. Elles sont des "fleurs" qui se doivent de tout faire pour être jolies selon leurs standards. Et ils font ça "pour elles", et ils les "envient" de n'avoir qu'à être jolies, et ils les méprisent quand elles déclenchent leur mode défensif...

L'ambiance est extrêmement réaliste, on y voit les harcèlements typiques, les insistants, les dangereux, les violents, les lourds, ceux qui "détournent les yeux", ceux qui "commentent" en aparté, ceux qui défendent dans l'ombre, ceux qui moquent, ceux qui stalkent, ceux qui exigent, ceux qui cognent par impuissance face à ce jeu auquel ils refusent de jouer, ceux qui "ne pensent pas à mal"... La palette est aussi large que les réactions des femmes qui, tantôt s'entraident, tantôt se tirent dans les pattes, mais qui se débattent toutes.

La romance dans tout ça ? Elle apporte surtout le portrait du personnage joué par Cha Eun Woo, sorte de tsundere aux moeurs saines, mais à qui le scénario n'épargne pas les défauts de fierté et d'incompétence due à sa vie de rich boy. Pour le reste, c'est surtout de quoi faire sourire : certaines phases du déroulements sont si classiques que ça m'en a fait enlever un demi-point (l'autre demi-point est dû à une réalisation basique et une BO très bof). La romance, en somme, n'est pas inutile puisqu'elle aide au développement personnel de Mi-Rae, et montre un portrait de jeune-homme qui a souffert et continue de souffrir de l'objectisation des femmes (sa mère, sa soeur, sa petite amie...). Un jeune homme qui ne digère plus l'hypocrisie et ne s'encombre pas d'hésitation.

Cette romance n'est cependant pas centrale, et c'est bien le message global bâti par tous les petits détails donnés au fil des épisodes, qui rendent ce drama si fort à mes yeux.

En résumé, il ne s'agit pas d'un simple drama sur la prévalence de la beauté intérieure, je dirais même que ceux qui pensent ça passent à côté du sujet. C'est un drama sur les femmes. C'est un drama sur le poids de la société patriarcale en Corée du Sud. C'est un drama sur les rapports humains. C'est un drama sur le harcèlement, et la violence de l'obsession de la beauté.

Je recommande. Je recommande de le regarder sans a-priori. Après re visionnage en 2023, je confirme donc ma note de 9/10.

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