Kinetta, sorti en 2005, est le premier long-métrage de Yórgos Lánthimos, et il pose déjà les bases du style unique et déconcertant qui deviendra sa marque de fabrique. Situé dans une station balnéaire hors saison, le film suit un groupe de trois individus solitaires qui passent leur temps à reconstituer des scènes de crimes. Avec son approche minimaliste et son absence quasi totale de dialogue, Kinetta est une expérience cinématographique expérimentale qui explore l'aliénation et l'obsession.

Visuellement, le film est tourné dans un style proche du documentaire, avec une caméra à l'épaule qui accentue l'impression de voyeurisme et de malaise. Les décors vides et les couleurs délavées renforcent l'atmosphère de désolation qui imprègne chaque scène. Lánthimos s'appuie sur des gestes répétitifs et des interactions dépourvues de chaleur pour montrer la déconnexion des personnages avec la réalité et entre eux.

Cependant, malgré ces éléments intéressants, Kinetta souffre de plusieurs défauts majeurs qui limitent son impact. Le manque de dialogue et de développement narratif rend l'intrigue difficile à suivre, et les personnages restent largement inaccessibles, ce qui empêche toute véritable connexion émotionnelle avec le spectateur. Cette froideur délibérée, combinée à un rythme lent et une structure narrative opaque, peut facilement frustrer ceux qui attendent plus de cohérence et de profondeur.

En conclusion, Kinetta montre déjà le potentiel de Lánthimos en tant que cinéaste capable de créer des atmosphères uniques et perturbantes. Cependant, l'absence de clarté narrative et d'émotion rend ce premier film difficile d'accès et parfois ennuyeux. Ce n'est pas un film qui plaira à tout le monde, et il est facile de comprendre pourquoi il pourrait diviser les opinions.

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