The Big Cigar raconte une partie de la vie de Huey Newton lorsqu'il tente de fuir les Etats Unis pour Cuba à la suite d'un coup monté du FBI pour bloquer l'expansion et l'influence du Black Panther Party. De prime abord, j'étais assez mitigée par la série, ou plutôt c'était du 50/50. Dans la liste des contre, on pouvait noter que je suis assez lasse de ces productions américaines qui adorent (ADORENT) jouer sur l'émotionnel en ressassant encore et encore cette partie spécifique de l'histoire américaine de manière sensationnelle et moralisatrice, ce qui fait qu'il me semble toujours difficile désormais d'apporter quelque chose de neuf ou d'inédit à un sujet qui a été traité en long en large et en travers et pas toujours de la meilleure des façons. Mais soit. Dans la liste des pour, il y avait Andre Holland qui interprétait Huey Newton, et qu'on a pu voir dans l'excellente série The Knick. De plus la bande annonce présageait une série qui serait moins dans le jugement de valeur et plus dans les faits, bref quelque chose d'un peu plus funky avec des personnages colorés, avec de la profondeur et pas seulement présent pour appuyer cette dichotomie "racisme= mal vs tolérance = bien qu'on retrouve dans ce genre de films.

Les premiers épisodes ont été à la hauteur, et je pense que c'est ce qui m'a fait tenir jusqu'au 6e épisode. ll y avait quelque chose d'exaltant, d'abord d'apprendre sur la vie de Huey Newton qui est moins connue que disons, Martin Luther King (soupir) mais qui est très intéressante et aussi très contrastée. Dans ces premiers épisodes, il y avait une dimension plus humaine, l'histoire d'un simple jeune homme qui par la suite de circonstances et de violences policières catalyse les idées de révolution de sa génération et devient l'icone d'un mouvement sans vraiment le vouloir. Des flash backs assez bien placés nous exposent comment on en arrive d'un jeune afro américain fils de pasteur avec une volonté de liberté et d'émancipation à légende de la lutte armée qui côtoie pourtant des stars et des producteurs hollywoodiens.

Le hic c'est le reste de la série, qui soudain décide de traiter tous les sujets en même temps, à toute vitesse. A partir du 4e épisode, tout n'est qu'une succession d'événements qui auraient mériter un traitement je pense plus soigneux au niveau de l'écriture, comme par exemple la toxicomanie grandissante de Huey, sa séparation d'avec Bobby Seale qui n'a duré qu'une scène, la gestion du Black Panther Party puisque, de prime abord, il s'agissait du cœur du sujet. Certaines scènes laissaient même planer un sujet - une relation extraconjugale, le rapport de pouvoir entre les hommes et les femmes au sein du parti, le contraste grandissant entre mouvement armé et mouvement pacifique, le programme d'agent provocateurs et d'infiltration du mouvement hippie par des agents du FBI etc.. qui n'ont eu aucune résolution et qui nous laissent finalement un peu confus. Puis la fin, évidemment, avec l'inévitable martellement du slogan Black Lives Matter, comme si le but de la série n'avait été au fond que pour nous mener à l'abreuvoir idéologique libéral américain… C'est réellement dommage car historiquement l'histoire aurait pu être nettement plus riche, et apprendre un peu plus sur un vrai pan de l'histoire afro américaine. L'énergie des premiers épisodes n'a pas su donner du souffle et un rythme équilibré à la totalité de la série. C'est une série qui se regarde néanmoins et je mentionne spécialement le montage, qui rappelle les films de la Blaxploitation, ainsi que les costumes très réussis.

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