Eyes Open représente l’apogée de la popularité internationale de Snow Patrol. C’est sur cet album que le groupe nord-irlandais achève sa transition entre un indie rock flou et une post-Britpop grinçante.

Il emprunte les mélodies vocales accessibles de l’album précédent Final Straw, mais remplace ses arrangements tourbillonnants par un duo guitare/piano plus simpliste. C’est ici que se trouve la plus grande force mais aussi la plus grande faiblesse de l’album. Les capacités vocales du chanteur Gary Lightbody trouvent davantage leur place dans un son simple, où il trouvera plein de branches auxquelles se rattraper, mais, pour filer la métaphore, celle-ci doivent être des branches de baobabs tant les ficelles sont grosses et nuisent en partie à la qualité globale de la musique. Personnellement, je trouve que Eyes Open rayonne davantage lorsque le groupe embrasse pleinement son nouveau côté pop/rock et livre des morceaux à la Coldplay comme sur les méga-hits que sont Chasing Cars et Hands Open. C’est lorsque que l’album part sur des ballades plus intimistes que le bât blesse. En effet la guitare devient alors très répétitive, le synthé n’apporte rien et le chant se contente de répéter encore et toujours les mêmes 3 lignes à un volume de plus en plus fort, en particulier sur les six dernières pistes. Je comprends bien que les garçons ne sont pas des virtuoses, mais lorsque que j’écoute You’re All I Have et The Finish Line, je me demande si l’album n’a pas été terminé dans l’urgence. Heureusement, 4 ou 5 titres se démarquent véritablement et permettent à l’album de s’en sortir avec un bilan positif.

Comme mentionné plus haut, Eyes Open marche mieux lorsqu’il est ambitieux. Hands Open, un peu plus rock que les autres et leur plus gros single Chasing Cars ont beau être un peu cruche dans leurs paroles, il faut avouer que ça marche du tonnerre et qu’elles sont solidement composées. Shut Your Eyes et It’s Beginning to Get to Me sont également efficaces et dans la mouvance post-Britpop avec les habituels cloches et sifflets. Open Your Eyes est certainement le dernier titre qu’on puisse vraiment mettre en valeur ; sa lente construction et son final qui rappelle les grandes heures de U2 offrent une bouffée d’air frais dans une seconde partie d’album anodine. Le reste des pistes varie entre honnête et médiocre. Je pense que Headlights on Dark Roads rappellera de bons souvenirs aux fans de la première heure. La mayonnaise ne prend pas pour moi sur You Could Be Happy qui dispose de passages musicaux pour le moins étranges, même si je comprends que la chanson puisse plaire. Enfin, The Finish Line est à mon avis le moins bon titre de l’album et le conclue de bien triste manière.

Le résultat final est un album tantôt divertissant, tantôt frustrant. Ma suggestion serait de donner plus d’importance à l’album Final Straw qui est, je le pense, une plus grande réussite (pas pour rien que vous le trouverez dans mon Top10 Album). Tout n’est pas à jeter sur celui-ci, mais il n’y pas avait clairement pas assez de matière pour sortir un album entier.

{S'il ne fallait garder qu'un titre}: Open Your Eyes, parce que c'est beau et que les gens se concentrent trop sur Chasing Cars.

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