Là où certains crient au génie en vantant l'idée de la narration inversée du film (on commence par la fin et on finit par le début), ainsi que les informations disséminées puis discréditées pour manipuler le spectateur sur ce qu'il pense savoir, je vois là l'une des facilités scénaristiques les plus crasses qui soient. Comment feindre l'intérêt pour un film qui, au fond, n'en a aucun ?

Certes, la toute première scène suscite de l'intérêt par les questions qu'elle pose. Mais dès qu'on comprend que l'histoire commence par sa fin, on a immédiatement envie de lever les yeux au ciel. Pourquoi ? Parce qu'au lieu d'une enquête policière haletante et complexe, comme on aurait pu l'espérer au début, on nous sert une intrigue qui ressemblerait à une mauvaise blague si elle avait été simplement racontée de manière linéaire : un type perd la mémoire après une agression, sa femme est tuée, il veut la venger, il y parvient, mais – SPOILER – il ne s'en souvient pas. GÉNIAL ! C'est comme si on avait suivi Rocky s'entraîner tout au long du film pour qu'une fois arrivé sur un ring vide, quelqu'un lui dise : « Ah mais non, vous avez déjà gagné il y a une semaine en fait, c'est juste que vous avez oublié. »

De plus, tout est tellement prévisible. Pas dans les détails, mais étant donné qu'il s'agit d'un film de Christopher Nolan, on se dit que cela ne peut pas être aussi simple. Et effectivement, ce n'est pas simple, mais pas dans le bon sens. Le film cherche tellement à nous faire croire à la complexité de son intrigue qu'il en devient plus lassant qu'autre chose.

Cette idée de tout raconter à l'envers, de reprendre un bout de la scène précédente dans la suivante, ou de filmer certains passages en noir et blanc et d'autres en couleur, c'est chiant ! Une fois qu'on sait que tout le film tourne autour du handicap du héros, il devient évident que chaque information qu'on nous donne est potentiellement fausse.

Finalement, le début du film, qui présente la situation, est juste ennuyeux, et on se demande si cela va vraiment durer tout le long. Ensuite, quand on accepte enfin le concept, on espère que le film nous surprendra d'une manière ou d'une autre. Mais non, il ne fait que confirmer ce que l'on soupçonnait déjà. Et lorsque les vingt dernières minutes arrivent, alors qu'on nourrit encore un mince espoir, on se retrouve face à l'un des plus gros foutages de gueule que j'aie pu voir dans un film. J'aurais même pu accepter un twist bateau du genre : « En fait, c'est lui qui a tué sa femme. » Mais non, le film était fini avant d'avoir commencé parce que le mec " a juste oublié ".

À ce stade, je me demande si ce film n'était pas en réalité une parodie du genre « amnésie », un peu comme " La Femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre " l’était pour les thrillers en huis clos, mais au moins, ce dernier était drôle.

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