C'est le deuxiéme volet du dyptique de Bruno Dumont consacré à Jeanne d'Arc. Son récit démarre à partir de l'attaque de Paris et se poursuit, pour l'essentiel, avec le procès de Jeanne, tourné dans la cathédrale d'Amiens.

Avant cela, Dumont déplace l'action guerrière, des conversations politiques et la poignée de personnages historiques qui les incarnent dans les dunes du Nord, transformées, comme pour "Jeannette", en scène de théâtre incongrue et épurée. C'est à la fois burlesque- d'autant que c'est joué par des comédiens de fortune- et grave suivant le parti-pris de mise en scène singulier du cinéaste. Dans un esprit analogue, un des personnages du procès, Nicolas l'oiseleur, est joué par un interprète dont la composition loufoque et grimaçante n'est sans rappeler le gendarme Van der Weyden de "P'tit Quinquin". Simple anecdote.

S'il n'est plus dans le registre de l'opéra-rock, le cinéaste convoque tout de même le chanteur Christophe pour interpréter des élégies accompagnant le cheminement de Jeanne. C'est un des nombreux aspects qui détournent le sujet d'un quelconque réalisme. Les costumes nous renvoient, certes, à l'époque médiévale. Mais pour le reste, il faut en prendre son parti, le film n'est pas un film un biopic et à peine une reconstitution historique.

Jeanne, déjà, est jouée par une enfant -précisément celle qui interprétait Jeannette deux ans auparavant- beaucoup plus jeune que l'héroine. On accepte les anachronismes de Dumont comme des conventions dans son cinéma exigeant et impressionnant, en dépit de sa complexité ou de ses langueurs.

Activité sur Jeanne