Après sa dernière réalisation en 2015, Les yeux jaunes des crocodiles, adapté du célèbre roman de Katherine Pancol, Cécile Telerman nous propose une comédie chorale autour de la disparition du chat de Laure, son seul compagnon de discussion (!) puisque son mari Daniel ne l'écoute plus.

Réunis dans leur superbe mas provençal pour un long WE de saison (le film sort opportunément fin avril) avec le frère de Laure et sa femme, ainsi que deux couples d'amis pour fêter l'anniversaire de Daniel, tout semble propice à quelques belles journées de détente loin du tumulte de leurs vies trépidantes. Evidemment la disparition du chat Max, héros malgré lui, va bouleverser leur quiétude, donner une tonalité bien différente à leurs échanges et générer des affrontements, dans des discussions souvent superficielles et pas toujours drôles.

Autant évacuer tout de suite l'enquête pour savoir qui a bien pu faire disparaître le chat, façon Hercule Poirot, ce qui crée des longueurs inutiles avec une issue aussi loufoque que non crédible; seuls les enfants vont adorer !

La disparation de Max est le catalyseur qui va révéler, non sans quiproquos douteux, les tensions humaines de ce petit monde dans leurs relations.

En la matière la réalisatrice se plaît à capter l'air du temps, certes avec légèreté mais avec une certaine justesse : les difficultés des couples au-delà de la cinquantaine, leurs secrets inavouables, voire pathétiques, l'importance de la famille, les péripéties de couples intergénérationnels, le tout impacté par leurs préoccupations professionnelles complexes; sur ce plan, Cécile Telerman en profite pour brosser sans complaisance un monde économique qui laisse une place de plus en plus belle aux réseaux sociaux et autres sites Internet pour réussir, l'avantage inévitable des jeunes générations dans cette compétition, et le facteur humain qui en prend un sacré coup.

Dommage que les acteurs soient impliqués de manière très inégale dans cette comédie; citons ceux qui croient à leur histoire et tentent d'apporter une certaine profondeur dans les sentiments exprimés : Zabou Breitman (Laure), Pascal Elbé (Daniel), Mathias Mlekuz (Martin, le frère de Laure), Marie-Josée Croze (Ariane, la femme de Martin) et Camille Lellouche (jouant parfaitement Pauline, la jeune femme insupportable obsédée par la vente de ses produits Internet).

Mais fallait-il vraiment la disparition d'un chat pour faire de ce film une comédie réussie, art décidément bien difficile à maîtriser dans notre cinéma français actuel ? Un film à voir (ou pas) entre copains, pourquoi pas pendant l'un des ponts de ce mois de mai !

Activité sur Ma langue au chat