Ayant apprécié d'entendre à la radio l'ancien chef d'état-major des armées françaises disserter sur son engagement militaire, j'ai rapidement ressenti le besoin de lire ses écrits. En effet, la profondeur de sa pensée et la clarté avec laquelle il l'énonce m'ont captivé.

Dans cet opuscule d'à peine plus d'une centaine de pages, le général d'armée François Lecointre pose sa réflexion sur le sens de l'engagement d'un soldat au sortir du dernier embrasement mondial et à l'orée d'une nouvelle période de conflits armés sur le sol européen.

A travers de courts chapitres, il offre au lecteur le fruit d'une réflexion longuement maturée au cours de quelques quarante années au service de la patrie. Lesdits chapitres forment un mélange de souvenirs et de pensées profondes sur des thèmes tels que la vocation, la peur, le combat, la fraternité.

Il ouvre son âme, évoquant sans fard ses faiblesses, ses peurs, le surgissement de sa haine, sa définition de l'humanité. Loin des clichés du général bourrin qui envoie à l'abattoir ses trouffions anonymes, le général Lecointre offre un aperçu du sens de l'engagement des hommes et de l'armée en tant que corps constitué, bras armé de la France. Si cet essai ne brandit pas l'étendard de la philosophie, il en arbore néanmoins les couleurs. Après tout, un homme qui en dirige tellement d'autres se doit de réfléchir puissamment aux conséquences de ses décisions et à la nature des conseils qu'il prodigue aux hommes politiques.

Au travers d'exemples forts piochés sur les théâtres d'opération où il a œuvré, le militaire donne à penser à ceux qui restent à l'arrière, tranquillement avachis dans le confort ouaté d'une paix éternelle et d'un bonheur béat consumériste. Il nous enjoint à ne pas craindre l'affrontement armé, dans ce temps de désenchantement où la société de consommation montre ses limites et les oppositions armées effectuent leur retour en fanfare.

Entre réflexion lucide et moments émotionnels chargés, cet opuscule se révèle une véritable pépite pour qui veut entrevoir les coulisses derrière le décor de notre quotidien stroboscopique. Entrevoir seulement car si cet ouvrage présente un défaut majeur, c'est d'être bien trop court à l'aune de tout ce que ce général aurait sans nul doute pu nous apporter de plus.

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