Après avoir lu toutes les critiques postées ici, je me permet de préciser un ou deux points avant de faire la mienne, à titre purement informatif :

Pétillon a participé à l'adaptation de son oeuvre. Il a lui-même proposé que le Jack Palmer lunaire de la BD soit transformé. Son personnage lui semblait complètement inadapté au réalisme minimum qu'un film grand public nécessite.
A ce titre, on a rajouté la romance Murino-Clavier, mais on a gardé certaines scènes "à la virgule près", comme celle du racket des continentaux dans leur villa.
L'inspiration n'est donc pas "Astérix en Corse". D'ailleurs, comme le dit l'acteur qui joue "le Piaf" dans le générique de fin : "Y'a quand même beaucoup moins de Romains !"
Avant la parution de la BD, les éditeurs ont activé des "contacts" qui eux-mêmes ont actionné leurs "réseaux" dans le milieu de la "mouvance nationaliste" et il en est ressorti que, globalement, les Natios étaient morts de rire, trouvaient la moquerie des Continentaux bien au niveau de celle des Corses et que, au final, leur île et son peuple étaient présentés sous un angle favorable qui n'aboutirait donc pas à un plastiquage ! Je dis tout ça et j'abuse des guillemets pour qu'on comprenne que, contrairement à ce qui a été dit dans pas mal de critiques, les clichés du film sont pas toujours si clichés que ça...

Bon, ma critique maintenant :

Ben moi, j'ai aimé. J'avais déjà bien aimé la BD, je ne l'ai pas trouvée trahie, malgré certaines faiblesses scénaristiques. Comme cela a été dit par d'autres, il est hautement appréciable que Clavier ait abandonné pour ce rôle ses gimmicks récents de mauvais De Funès.

J'ai trouvé les clichés souvent battus en brèche : Reno est un type courageux et humainement fréquentable, loin de la dérive mafieuse et sanglante qui était la toile de fond réelle du nationalisme corse de cette époque. Murino et sa grand-mère démontrent que l'on peut être femme, corse et sexuellement libre, ce qui n'est pas toujours si évident que ça. Bien sûr, le taxiteur et les chanteurs-buveurs de myrte poussent un peu loin le bouchon, mais c'est le principe d'une comédie.

Quant aux clichés qui semblent encore plus caricaturaux, ils sont au contraire réalistes ! Un des forumeurs a dit dans sa critique que les manœuvres des flics étaient peu crédibles. Pour moi, qui ai beaucoup lu le Canard Enchaîné (dont Pétillon est un des piliers) à cette époque, je peux vous dire que la liste des magouilles policières de l'époque est édifiante. Le sommet ayant été atteint avec la conférence de presse "en force" de Trallonca, négociée à coups de fonds secrets, pas perdus pour tout le monde sur l'île. Conférence au cours de laquelle on a vu des bouffonneries de cagoule à peine moins ridicules que celles du Piaf avec son passe-montagne d'enfant. Je connais également un continental un peu ridicule qui payait "l'impôt révolutionnaire" et tapait le carton à l'occasion avec des natios avérés mais dont la résidence secondaire a été obscurément plastiquée "par erreur" !

Au-delà de toutes ces considérations politiques et vulgairement boutiquières, ce qui ressort du film, c'est un amour immense de la Corse : ses paysages, ses villages, sa bouffe, ses habitants. Un signe qui ne trompe pas : lorsque j'ai visionné le film, au cinéma, nombreux étaient ceux dans la salle qui se penchaient vers leur voisin ou voisine pour leur dire "T'as vu, ça, c'est tourné vers Bavella, tu te rappelles comme c'était beau ? ". Voilà pourquoi j'aime ce film.

Activité sur L'Enquête corse