Elevée par sa tante dans un village corse, une adolescente, Lesia, va passer ses grandes vacances chez un père qu’elle connaît peu.

Elle le retrouve dans une grande villa, cachée dans le maquis, entouré d’hommes, « ses » hommes car il en est le chef, le chef d’un clan en guerre contre un autre. Une guerre dont ne saisit d’ailleurs pas tous les tenants et les aboutissants, mais ce n’est pas très gênant.

C’est à cette guerre implacable et violente entre les deux clans, jalonnés d’assassinats sanglants par des tueurs à motos, que l’on assiste avec le regard de Lesia. C’est le côté thriller et haletant du film.

Mais ce film ne raconte pas qu’une guerre de clans. Il raconte aussi la rencontre entre Lesia et un père dont elle ne connaît pas toute l’histoire. Il leur faut s’apprivoiser, ce qui donne lieu à des échanges à la fois tendres et touchants. Une histoire de filiation et de transmission (mais quel héritage !): progressivement, l’adolescente un peu butée rentre dans la vie et le « royaume » de son père ; et elle en épousera le destin.

Le thriller confine alors à la tragédie antique, avec ses personnages soumis à la volonté des dieux (comme le spectateur, ils ne semblent pas connaître les tenants et aboutissants de leurs actes), une volonté qu’ils essaient de connaître en consultant les devins ; et l’on voit, sans que cela prête à rire, le père se rendre chez une diseuse de bonne aventure, une moderne pythie, pour connaître son destin tragique et inéluctable.

Le premier film, plutôt réussi, d’un réalisateur au nom prédestiné qui manifestement connaît bien la Corse (dont il fait par l'image un personnage de son film) et l’âme corse ; avec des comédiens non-professionnels dont les visages, cadrés en gros plan, disent tout de leurs sentiments et rendent inutiles les mots.

Ni "grandiose", ni "incontournable", simplement un beau film.

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