En 2018, qu'a à nous proposer Judas Priest, après 45 ans de carrière? Après un Redeemer of Souls assez moyen, on pouvait être inquiets quant à la capacité aux anglais à nous proposer du neuf. Mais les papys du metal ont de la ressource, et surtout un joli carnet d'adresse! En effet, on retrouve à la production non seulement Andy Sneap, qui possède un tableau de chasse pas piqué des vers (Megadeth, Machine Head, Exodus, j'en passe et des meilleures), mais le quintet a également ressorti des cartons Tom Allom, leur producteur fétiche des années 80, leur période la plus faste. Ajoutez à cela un Richie Faulkner en confiance dans sa composition et normalement tous les signaux devraient être au vert!

D'abord le son : il est assez maousse et vraiment typique des productions signées Sneap : un son sec et froid, mais également puissant. Rien à jeter de ce côté-là, on peut faire confiance au bonhomme.

Passons maintenant au contenu de l'album. 14 pistes, dont un court instrumental, c'est beaucoup selon moi, même si l'album dure moins d'une heure. Je n'aime pas cette tendance qu'ont tous les groupes à bourrer jusqu'à la gueule leurs albums, quitte à faire du remplissage (cf. les derniers Iron Maiden, toujours selon moi). Je pense que 45 minutes de bonne musique seront toujours plus accessibles pour nos cerveaux que 70 de musique moyenne ou moyennement bonne. C'est juste mon avis!

La musique donc. Et bien ça fonctionne. Les chansons sont ultra bien composées, on n'est pas sur des chansons bateau il y a des breaks intéressants (Evil Never Dies, ou Flame Thrower par exemple). Rob Halford chante divinement bien, et même si le bonhomme ne part plus autant (voire plus du tout!) dans les aigus qu'avant, on ne boude pas notre plaisir de l'entendre dans un registre plus sobre. Le chanteur sait qu'il n'a plus ses capacités de ses 20 ans et qu'il serait ridicule d'insister. On sent à l'écoute de l'album que tout le monde y a pris du plaisir. Judas Priest sait encore nous composer des hymnes heavy immédiats (la chanson titre, excellente entrée en matière, Lightning Strikes Twice ou encore Necromancer).

Alors certes, l'album est excellent et passe comme une (grosse) lettre à la poste, cependant on peut aussi mettre des bémols à tout ça. Par exemple, j'ai lu ça et là que le groupe essayait de faire revivre leur grandeur des 80's à travers cet album. Oui c'est vrai que convoquer Tom Allom, et puis aussi cette pochette qui peut rappeler celle de Screaming For Vengeance peuvent laisser penser cela, cependant je dirais que ça s'arrête là. Et puis n'est ce pas ce que recherchent bon nombre de fans du groupe? La grande époque du Priest? Moi ça ne me gène absolument pas car je trouve que c'est quand même modéré. L'album ne sonne pas années 80, il est même assez moderne je trouve. Le seul reproche que j'ai à faire à cet album, c'est que la prise de risque n'est pas là. J'aime Judas Priest aussi pour ça. Cette capacité à être là ou on ne les attend pas. Un groupe qui sortait un Painkiller presque thrash après un Ram It Down peu inspiré, qui sortait de nulle part un double concept album génial, après 40 ans de carrière, ou qui sortait un Turbo rempli de synthé après avoir participé à forger le heavy metal des eighties. Je trouve dommage de se conforter dans un terrain connu. Mais bon après 45 ans de carrière, qui peut leur reprocher? Donc contentons nous d'apprécier ce groupe tant qu'il est encore en vie et qu'il nous pond des albums de la trempe de ce Firepower étincelant.

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