Claude Chabrol s'attaque AU chef-d'oeuvre de la littérature française, ambition ô peu mesurée...mais ça tient la route !

Il choisit Isabelle Huppert, sa grande amie et actrice qui, comme à son habitude, nous livre encore une performance plus que convaincante et amplement suffisante à nous rendre le tout crédible.

Elle joue la souffrance profonde et irrémédiable, l'angoisse permanente de se retrouver dans une situation dont l'ennui la tuerai.

Elle joue l'espérance, la joie, la passion hasardeuse et vaine, si vite disparue faisant place à un profond cynisme.

Elle joue le mépris pour ceux qui l'aiment, la passion pour ceux qui la méprisent.

Elle joue l'envie de vivre plus haut, plus grand, l'envie d'être ailleurs, à ce qu'elle estime être sa place.

Et elle joue bien.

Chabrol réussit à capter l'ambiance si particulière de la campagne profonde du nord de la France au XIXe siècle, exactement telle que je l'avais imaginé ! Quelle belle découverte que cette proximité avec la représentation que je m'en étais faite lisant le livre.

La fidélité envers le roman est bien là, à part peut être l'enfance de Charles Bovary et la folle course du père à la fin qui manquent.

Du point de vue de la création cinématographique, le film est bien monté, énergique tout en prenant le temps, et bien écrit, alternant dialogues réels tirés du livre et voix-off qui n'était ni superflue ni réellement nécessaire.

Chabrol transmet l'état d'esprit d'Emma dans son cadrage tout au long du film, et ne lésine pas sur les plans rapprochés permettant une intimité toujours plus forte avec la triste héroine.

Un chef d'oeuvre de bouquin qui a donné ici un très très bon film !

Bravo !

Activité sur Madame Bovary