La présence du goguenard Guy Marchand dans une comédie de moeurs, voilà qui n'est pas une surprise. C'en est une, par contre, de le voir partager la tête d'affiche avec la très cérébrale Fanny Ardant. Et l'idole des jeunes en rupture de S.L.C. (Salles Littéralement Conquises, aussi Salut Les Copains, revue phare de l'ère Yé-Yé) Johnny Hallyday, que l'on découvre ainsi très à l'aise dans l'humour teinté de désenchantement. Mais le plus inattendu, avec "Conseil de famille", oeuvre à la fois riante et grinçante, vient du fait qu'elle est signée... Costa-Gavras ! Ce qui incite d'emblée à "l'aveu" suivant : le spécialiste du brûlot politique se sort pas échaudé de cette incursion inattendue, mais plaisante, dans la comédie. Le spectateur est invité à fréquenter une famille... pas vraiment fréquentable ! François, le jeune héro narrateur, est fasciné par son père (Hallyday) et son parrain (Marchand). Deux as de la cambriole pour qui cela représente le meilleur moyen de promotion sociale ! Ils évoquent des "chantiers" pour ne pas éveiller la curiosité des enfants. Et dans les phases de préparation, on les voit avaler des séances de culture physique ainsi que des doses homéopathiques en série. Le tout sous le contrôle mi-affectueux mi-impitoyable de la mère (Ardant). En grandissant, François et sa jeune soeur Martine, particulièrement délurée, vont remettre en cause une existence familiale peu ordinaire. Tout bascule quand le premier obtient enfin la permission d'accompagner "les spécialistes". En coffres-forts peut-être, mais pas en psychologie féminine : au fil des années, polarisés par les butins et les dons de l'adolescent pour le cambriolage informatisé, les deux hommes ne vont pas voir que leur compagne déprime. Qu'elle boit pour oublier : les angoissantes nuits en solitaire ; ses dons artistiques refoulés... Ce qui va conduire le jeune homme à commettre le seul geste capable de les sauver tous d'eux-mêmes... Mis pas question ici de voler son plaisir à qui n'a pas encore visionné le film ! Le film de Costa-Gavras joue intelligemment sur le doux-amer. C'est un vrai divertissement cinématographique, riche en situations drôles et dialogues savoureux. Mais c'est aussi une approche en surface de thèmes sérieux : les aléas de la marginalité ; la conflictuelle affection qui préside le plus souvent aux rapports père-fils ; le mal de vivre de la femme prise au piège de son rôle ligotant au coeur de la cellule familiale. Pour ses personnages auxquels on croit, "Conseil de famille" mérite un avis favorable !

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