Après avoir fait le premier jeu en début d'année, c'est avec satisfaction que j'ai pu faire la suite sans avoir à attendre des plombes le portage PC. Pourtant, à vouloir trop en faire, le jeu finit par tirer vers le bas une histoire qui semblait prendre plus d'ampleur que dans le premier opus.

Il m'a fallu 84h de jeu pour finir Ragnarök, soit beaucoup plus que le premier jeu qui a dû me demander un quarantaine d'heures. Même si j'ai joué en m'imposant des difficultés supplémentaires qui m'ont fait passer plus de temps sur certains passages que ce que le joueur est censé faire, il ne fait pas de doute que ce second jeu est largement plus long et fourni que son prédécesseur. Et c'est un problème parce que le jeu est trop long. L'histoire s'étire à n'en plus finir. Même une fois le générique de fin atteint, il reste facilement 5h de jeu avec différents défis et missions supplémentaires (alors même que j'avais fait plus ou moins tout ce que je pouvais faire avant le boss de fin). Le scénario veut explorer trop d'éléments différents, trop d'aspects divers, trop de sous intrigues, et on se retrouve avec une narration diluée qui perd en efficacité. Par exemple :

Toute la partie qui concerne Freya et sa quête pour se libérer d'Odin, c'était long à n'en plus finir.

Le jeu offre énormément de contenu, à tel point qu'on se demande pourquoi. Par exemple, sans spoiler, à un moment on a une quête secondaire, une tâche qui à première vu semble anodine, sauf qu'elle nous même à une nouvelle zone entière qui représente probablement environ 10h de jeu. Cette zone est, à ma connaissance, complètement optionnelle. J'ai eu l'impression que les développeurs l'ont intégrée comme une sorte de test pour essayer une approche plus ouverte de l'exploration dans l'optique d'un prochain jeu.

On se retrouve donc avec un jeu dont l'histoire s'étire sur plusieurs dizaines d'heures avec en plus un foisonnement de quêtes et de défis. Je ne serais pas surpris que des joueurs aient abandonné en cours de route, face à un jeu qui semble ne jamais vouloir arrêter de nous donner de nouvelles activités. C'est triste à dire, mais il est arrivé des moments, notamment dans les niveaux avec une progression couloir, de littéralement m'ennuyer, comme durant un dialogue un peu mou au milieu d'un film d'action.

J'ai trouvé aussi que le jeu était moins iconique que le premier opus. Les scènes avec Baldur étaient toutes épiques et plusieurs passages étaient mémorables, alors qu'ici, peut-être que je n'ai pas encore assez de recul, mais je trouve que le jeu manque de moments percutants.

Par contre, avoir un jeu à la narration et aux dialogues globalement bien écrits, ça fait plaisir. Ça change de la soupe plate que tant de gros jeux nous imposent. Ici, on continue l'exploration des thématiques du premier jeu comme le deuil, et on en rajoute une couche avec les relations abusives et les traumas qui en découlent.

Niveau gameplay, le jeu est plus qu'une suite, c'est littéralement la continuité du premier jeu. Si vous enchaînez les deux jeux, vous ne risquez pas d'être dépaysé. On voit encore une fois que le jeu atteint son plein potentiel dans les zones d'exploration en mode monde ouvert, et perd de son intérêt dans les phases dirigistes en mode couloir. Par contre, c'est peut-être moi qui suis intellectuellement limité, mais j'ai toujours du mal avec le gameplay des combats qui nous demande de mémoriser tout un tas de combos, de touches, de façons de jouer avec les différentes armes, etc. Franchement, j'ai pas que ça à faire de retenir tout ça.

Je me dois maintenant d'aborder le gros point noir du jeu qui m'a fait hésiter à lui mettre un 7 : ses défis conçus avec le cul. Que ce soit les défis dans le royaume volcanique ou les combats contres les berserks, le jeu a un gros problème avec la gestion de la difficulté lorsqu'il demande au joueur d'être rigoureux. Me demandez pas d'être rigoureux dans mes combats si vous-mêmes vous faites n'importe quoi avec le gameplay. Le jeu tombe parfois dans le travers simpliste qui considère que difficulté = plein d'ennemis à affronter en même temps. Sauf que le gameplay n'est pas du tout adapté à ça. Kratos est lent comme un camion et la réactivité des animations fait qu'on se retrouve submergé avec des ennemis qui débarquent d'en dehors de l'écran pour vous cogner alors que vous êtes déjà occupé avec ceux en face de vous.

Parce que les animations pendant les combats, mon dieu que c'est pénible. C'est vraiment le plus gros défaut du gameplay. Kratos a plein d'animations qui sont plus lentes que celles des ennemis. On se retrouve donc dans des situations où le joueur appuie sur un bouton pour attaquer avant que l'ennemi commence sa propre attaque, mais comme l'ennemi a une animation plus rapide que la nôtre, c'est lui qui va nous toucher en premier. La conséquences de ce problème, c'est que le joueur est puni lorsqu'il prend des initiatives. À quoi bon essayer d'utiliser les attaques spéciales quand l'ennemi est immobile si c'est pour me prendre un coup avant que l'animation de Kratos se termine? C'est sympa d'avoir tout un tas de coups spéciaux, mais si c'est pour perdre la moitié de ma vie quand je les utilise, ça ne sert pas à grand-chose.

Il faut aussi mentionner à quel point les énigmes sont d'une inutilité incroyable tant les personnages nous donnent constamment la solution. À peine arrivé dans une nouvelle salle avec une énigme à résoudre, les personnages commencent à donner des indices ou à littéralement dire ce qu'il faut faire, c'est absurde. À quoi bon proposer des énigmes si le jeu donne la solution directement?

Voilà donc un jeu un peu en demi teinte, avec d'un côté une volonté de trop en faire, à la fois pour l'histoire et pour la quantité de contenu, et de l'autre un gameplay parfois un peu brouillon qui rajoute sa dose de frustration, le tout englobé dans une écriture que j'ai globalement adorée et qui permet de continuer à donner de la profondeur aux personnages, sans oublier une réalisation qui malgré tout est de très haute qualité, que ce soit visuellement ou au niveau des doublages.

Activité sur God of War: Ragnarök