Le film s’ouvre sur les larmes de la mère, et ses regrets. C’est elle la première des miennes. Une femme mariée jeune au père, qui aime sa femme comme un “tajine trop épicé qu’on ne peut plus changer”. Les Miennes, c’est ensuite les cinq sœurs très unies, qui traversent les chamboulements de la vie ensemble, car “la famille est une bouée de sauvetage en cas de naufrage”. Samira, la réalisatrice, est la petite dernière et, avec ce documentaire, elle retrace son histoire familiale et plonge son spectateur dans l’intimité d’une famille belgo-marocaine, la sienne.

Samira El Mouzghibati nous fait ainsi voyager entre la Belgique et le Maroc, le passé et le présent, le français et l’arabe. Ce documentaire est avant tout un retour aux sources, aux origines : ses sœurs et ses parents, le Maroc et le Rif. Ce projet rappelle un peu celui de Sabyl Ghoussoub dans son livre Beyrouth-sur-Seine. La réalisatrice va recoller les morceaux de son histoire familiale en interviewant sa mère et ses sœurs, et en croisant les archives familiales, pour comprendre, pour pardonner et pour se souvenir. C’est surtout sa mère qui est au cœur du film. Cette dernière se livre en tant que femme à sa fille, sur son enfance, ses choix et, surtout, son rôle de mère. Elle trébuche souvent sur les mots, hésite, se reprend, car la parole est centrale, et les non-dits pèsent.

On ne peut qu’apprécier ce documentaire à taille humaine, à échelle familiale, malgré ses lenteurs et ses confusions. Espérons que Samira El Mouzghibati porte à nouveau sur grand écran un sujet aussi personnel et parlant.

Les Miennes, ce sont avant tout des femmes libres.

Critique écrite pour Le Suricate Magazine : https://www.lesuricate.org/les-miennes-ces-femmes-libres/.

Activité sur Les Miennes