Derrière des airs de nous raconter un peu n'importe quoi, Lapsis cible les dérives technologiques et touche assez bien au but.

Tout d'abords, le postulat d'une super-avancée technologique, "Quantum"; qui nécessite de tirer du câblage à travers bois pour relier d'étranges cubes et par là, d'esclavagiser l'humanité dans une tâche ingrate et épuisante, est assez audacieuse dans ses paradoxes. Et de fait, il semble que cette "profession" qui rapporte gros soit devenue un incontournable de cette société futuriste, tel que les bois sont peuplés de câbleurs et de câbleuses plus ou moins expérimentés, qui se croisent et se recroisent, tirant chacun/e son petit chariot déroulant un rouleau de câble. Les clips promotionnels pour engager présentent le job comme "de la randonnée", "pour les amoureux de la nature" mais c'est un peu plus que ça.

Chacun/e est pris en charge par une I.A et guidé via smartphone: l'itinéraire, le ravitaillement en câble et la gestion des pauses sont des injonctions autoritaires auquel il s'agit de se plier et chaque participant-e est en compétition avec un petit robot traceur qui détermine la durée maximale du parcours: il faut gagner cette course contre le robot pour toucher le salaire annoncé.

Le protagoniste, looser de la quarantaine, se montre d'entrée de jeu méfiant et rétif face à la technologie, il s'embarque aux cotés d'inconnus qui connaissent toutes les ficelles et astuces dans un périple qui de loin le dépasse, il ne s'est pas mis-à-jour vers un système "Quantum" et n'a plus accès aux infos utiles, il ne comprend rien à son identification, à ses applications et encore moins au tenants et aboutissant de sa tâche abrutissante, en plus, il y a erreur sur son profil dans la base de donnée... Notre immersion dans cet univers fonctionne assez bien, on n'en sait pas plus que Ray dit "Lapsis", on découvre avec lui et on sent bien que le monde a discrètement mais complètement vrillé. Il rencontre Anna, câbleuse avertie et désabusée, et devient l'activiste qui qui découvre le moyen d’arrêter les robots traceurs. Puis, de retour à la vie civile, il perce plus ou moins le mystère de son pseudo...

Si Ray a besoin d'argent, c'est pour que son petit frère puisse bénéficier d'un traitement vu qu'il est atteint du syndrome de fatigue chronique, nouveau mal-du-siècle. Là aussi, traitement coûteux qui, en cours, voit son prix doubler sans pour autant de résultat probant, système médico-marchand tout pourris, d'autant plus qu'il existe un remède simple à préparer soi-même...

Les acteurs font bien le job qui par ailleurs n'en demande pas trop car ce sont surtout les situations et le cadre qui parlent. On n'essaye pas trop de tout expliquer et c'est très bien comme ça, "Quantum" qui semble être devenu un incontournable en communication et en énergie reste un mystère qui se contente de sa présentation télévisuelle édulcorée. Le cœur de l'action (action certes désuète) se situe dans les bois et assisté par drones.

Si le film ne propose ni la grande aventure, ni un suspens intenable, aucun charisme inoubliable et pas mème un petit super-pouvoir, il n'en est pas moins une anticipation originale qui tire sans la souligner une satyre contemporaine, film qui ne plaira sans doute pas aux adeptes de Pokemon-go (:

Activité sur Lapsis