Space Marine 2 m'a donné envie de découvrir davantage l'univers de Warhammer 40.000 et la sortie de Darktide sur PS5 tombait à point nommé à ce sujet; il semble par ailleurs que Games Workshops exploite plutôt judicieusement sa licence en jeux vidéos depuis la dernière décennie en proposant des genres variés qui tirent avantage des multiples factions de cet univers prolifique, offrant ainsi un tour d'horizon assez vaste de cette dystopie gargantuesque pour ceux et celles qui ne développeraient pas un gout soudain pour la peinture ou ne seraient pas motivés à se plonger dans la lecture des vingt ouvrages généralement conseillés par les amateurs des grands guerriers en armure bleue (Blizzard, on ne parlera pas de ton énième plagiat éhonté).

Et j'ai été bien avisé de suivre cette voie car Darktide offre en effet un excellent complément à l'aventure spectaculaire de Space Marine 2 : après les champs de bataille à ciel ouvert avec des guerriers vénérés par tous, nous voici ici dans les rangs de l'Inquisition en train de châtier les hérétiques dans des ruelles sordides et oubliées de tous au sein d'une mégalopole tentaculaire à plus d'un titre; c'est l'occasion de redécouvrir l'univers de 40k paradoxalement à une échelle plus humaine et de prendre conscience à quel point cette fantaisie est l'un des rares imaginaires de science fiction occidental à faire preuve d'autant d'exubérance et de démesure épique que les créatifs Japonais : Tertium est ici un terrain de jeu spectaculaire qui convoque autant les souvenirs de Midgar, Bloodborne que l'urbanisme vertigineux de Blame! Un décor impactant à plus d'un titre au service d'un gameplay qui est tout aussi méritant : le feeling des armes est absolument excellent et c'est un vrai plaisir de redécouvrir les icônes emblématiques de la licence sous cette perspective FPS qu'il s'agisse de l'épée-tronçonneuse, le marteau Thunder ou la dévastatrice épée relique. Les classes sont également complémentaires entre elles en matière de gameplay (on va vite revenir sur le reste), le HUB central est bien plus réussi que le château tristounet de Vermintide 2 et le jeu peut également se targuer des talents du génial Jesper Kyd pour insuffler une sacrée adrénaline musicale à ces multiples invasions de hordes, de telle sorte que le jeu semble presque lorgner vers une nostalgie des soirées techno des années 90, habituellement assez prisée des récits modernes de vampires de l'époque, mascarade ou non.

Des prémisses très enthousiasmantes qui laissaient anticiper un potentiel prétendant au trône que Left 4 Dead premier du nom occupe toujours face à ses nombreux héritiers; pourtant force est de constater qu'après une trentaine d'heures dans les ruelles inquiétantes de Tertium, ma préférence était clairement envers le précédent Vermintide 2 alors même que l'univers de Warhammer 40k me parle beaucoup plus dans sa proposition créative. C'est d'autant plus regrettable que Darktide soit entaché par de multiples écueils gênants, pas conséquents pris individuellement mais plombant un peu l'expérience une fois abordés collectivement, des défauts qui malmènent le confort du joueur et semblaient pourtant pouvoir être aisément évités :

-En premier lieu, il y a un problème de visibilité évident dans le jeu. Cela passe déjà par la luminosité volontairement faible proposée par le titre mais il deviendra vite nécessaire de la modifier soit même dans les options (contrairement à ses nombreux confrères, le jeu ne le propose pas au commencement d'une partie) sous peine de ne pas distinguer grand chose de ses silhouettes lointaines qui nous plombent de lasers depuis les ombres. Un inconfort visuel qui s'accompagne aussi d'une ergonomie pas toujours très flatteuse (inutile de préciser que le jeu est bien mieux optimisé pour le PC mais il faut avoir la machine pour le faire tourner) et d'une première configuration manette franchement juste pénible à jouer (allez la changer également dans les options pour ne pas vous bousiller les doigts à la moindre horde venue à force de spammer le bouton d'attaque au corps à corps).

-Le jeu n'arrête pas d'inonder le joueur d'une parlotte incessante qui plombe vraiment l'exploration. Véritable fléau des jeux modernes qui semblent craindre l'inattention du joueur s'il n'est pas noyé de dialogues insipides littéralement toutes les trente secondes, Darktide est une vraie calamité dans sa gestion de la narration : votre escouade n'arrête pas de s'engueuler en permanence, vos supérieurs vous emmerdent également en vous ordonnant de vous presser, vous interceptez également les communications de vos ennemis qui vous méprisent également et à tout ce joli tableau, va parfois se rajouter l'intervention d'autres protagonistes qui vont dialoguer avec votre chef de mission, histoire d'apporter leur grain de sel dans cette cacophonie dialectique. Et si vous rajoutez à cela les cris de vos antagonistes sur le terrain ou les commentaires d'autres intelligences artificielles pour rythmer votre progression, le joueur français, il devient fou!

C'est d'autant plus regrettable que Vermintide 2 pouvait se targuer d'offrir quelques répliques mordantes entre ses protagonistes; malheureusement, Darktide opère ici une approche davantage RPG avec une customisation plus poussée de notre protagoniste, y compris dans son passif tumultueux avant d'être embrigadé dans les rangs de l'Inquisition : une bonne idée sur le papier mais assez foireuse dans son exécution, résultant la plupart du temps sur un voice acting dans les chaussettes et des dialogues qui ne se répondent que rarement naturellement. Le récit lorgne clairement dans une ambiance à la Suicide Squad sur notre escouade de bras cassés sacrifiables envoyés accomplir l'impossible et espérons que le récent échec mérité du dernier jeu de Rocksteady nous épargnera enfin cette triste influence pour les années à venir. Là en l'occurrence, c'est déjà chiant à écouter la première fois mais vite insupportable quand on recommence une mission pour la cinquième fois d'autant qu'il serait bon de rappeler que dans le cadre d'un jeu en ligne, les joueurs sont déjà censés communiquer entre eux.

-Ça parait très con à dire mais on ne peut tout simplement pas choisir sa mission dans Darktide. Oui, vous avez bien lu : le jeu ne propose pas d'écran de sélection classique qui vous permettrait de revivre à loisir votre section du jeu favorite. Un choix assez saugrenu qui propose une alternative inattendue à cette composante basique du jeu vidéo : trois missions sont sélectionnables par ordre de difficulté et elles sont modifiées, grosso modo, toutes les demi-heures en temps réel; vous voulez revivre la séquence haletante du train? Bah soit vous attendez en espérant qu'elle sera sélectionnée ensuite, soit vous lancez une autre mission. J'imagine que cela doit plutôt arranger les développeurs de contrôler ainsi l'ordre des niveaux en terme d'optimisation des serveurs (rarement pris en défaut à ce titre) mais cela reste une décision très étrange et frustrante pour le ressenti du joueur. Notez également que le jeu opte pour des missions dissociées là où Vermintide 2 offrait également un sentiment de progression assez épique (et inhabituel pour le genre) vers la résolution d'une quête au fil des missions proposées; Darktide y gagne en variété ce qu'il perd un peu en intensité durant la conclusion de ces missions (au demeurant assez longues et haletantes tout de même pour la plupart).

-Enfin, il y a parfois un certain manque d'inventivité qu'on peut déplorer dans la proposition du jeu. Certains niveaux ne proposent que des structures souterraines assez classiques et il est un peu frustrant de retrouver les mêmes archétypes d'ennemis depuis les Left 4 Dead malgré la profusion d'antagonistes proposés par l'univers de Warhammer 40K. Le jeu ne tente clairement pas de réinventer la roue à ce titre (et propose d'ailleurs beaucoup d'emphase sur le corps à corps comme son prédécesseur, malgré le basculement vers une époque moderne) et même si la Witch de service véhicule toujours son petit effet flippant bien agréable, on se dit quand même qu'on navigue vraiment en terrain connu.

Plusieurs écueils qui me poussaient initialement à lorgner plutôt vers un 7 dans ma notation; sauf que...J'ai tellement adoré le gameplay proposé que j'ai parcouru la plupart des missions en difficulté la plus avancée là où Vermintide 2 m'avait très vite rebuté en la matière; le jeu semble plutôt bien équilibré dans sa courbe de progression pour inciter le joueur à tenter une difficulté supérieure avant d'atteindre le niveau 30: l'élévation de mon personnage s'est en tout cas opérée de manière assez fluide, tout comme le sentiment de satisfaction de surmonter l'adversité et comme Vermintide 2 en son temps, il est certain que je retenterais un jour le jeu pour essayer une autre des classes proposées, d'autant que Darktide semble bénéficier d'un suivi assez conséquent de la part des développeurs, peut être encouragés par le récent engouement autour de l'univers 40K et désireux de pallier sur le long terme aux lacunes d'un lancement apparemment assez difficile. C'est en tout cas tout le bien qu'on leur souhaite et j'avoue qu'à titre personnel, l'environnement a été un vrai coup de cœur inattendu qui me donne envie (avec l'excellence du gameplay) de lui pardonner ces écueils évidents; je comprendrais néanmoins si ce n'était pas votre cas.

Activité sur Warhammer 40.000: Darktide