Une capsule temporelle qui saisit avec une implacable justesse la Russie post-soviétique des années 90, une époque marquée par la pauvreté et l'instabilité. Une Russie où les rêves de prospérité occidentale se brisent contre une réalité économique et sociale impitoyable.

Danila, incarné par le charismatique Sergei Bodrov, est le reflet de cette désillusion. Il oscille entre héros et anti-héros, capable d’actes d’une grande brutalité tout en suivant un code moral personnel. Cette ambiguïté traduit le désarroi d’une génération sacrifiée, marquée par la guerre, la criminalité et l’absence de perspectives.

Personnage pétri de contradictions, il affiche un racisme assumé tout en vouant une admiration à son Discman Sony et en tissant un lien inattendu avec un vagabond allemand.

Avec son flegme et son sens de la justice expéditive, Danila évoque la figure du tueur solitaire du Samouraï de Melville. Comme Jef Costello, il semble traverser son environnement avec une distance presque irréelle, un mélange de détachement et d'efficacité froide. Mais là où Delon incarnait une rigueur austère, Danila, plus jeune, presque naïf, agit avec un calme troublant, comme s’il évoluait selon un code moral connu de lui seul.

Avec son esthétique glaciale et sa bande-son imprégnée de rock russe, Brat dépasse largement le cadre du film de gangsters : c’est une radiographie sombre et fascinante de la Russie des années 90 et du désenchantement d’une génération.

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