* Critique originale disponible sur Duotaku no Sora *

Le moment est venu de forger notre propre légende !

Nous suivons l'histoire d'Haruna Yû, un jeune lycéen banal qui ne trouve aucun intérêt aux autres et dont les seules interactions sociales se limitent à celle qu'il a virtuellement via les réseaux sociaux où il est très actif. Alors qu'il déménage à Tôkyô suite à la mutation de son père, il fait par hasard la rencontre d'Akitsuki Fûka, une de ses nouvelles camarades de classe très énergique ! Se liant finalement d'amitié grâce à leur passion commune, la musique, Fûka décide sur un coup de tête de monter un groupe et supplie Yû d'en faire partie. Le garçon ne le sait pas encore mais il va grâce à cela se découvrir un but qui régira tout le reste de sa vie.

Une histoire classique mais inventive

Fûka est donc un slice of life sur la jeunesse comme on en voit tant. Et pourtant…

Difficile de vous dire en quoi Fûka parviendra à se démarquer car il ne réinventera rien. Que ce soit par son contexte, ses messages, ses personnages ou leur évolution, Fûka est une histoire simple sur des jeunes qui voient grand et décident de croire en leur rêve, et cela passera donc par devenir le groupe de rock n°1 du Japon ! Sauf que bizarrement, là où Fûka pourra paraître extrêmement classique à tous les niveaux, le parcours du groupe de nos héros ne le sera pas tant. En effet, malgré ses tirades shônenesques remplie d'amour et d'espoir, l'industrie musicale et le parcours des groupes débutants y sera dépeint de manière plutôt réaliste : l'absence de fonds, les galères matérielles, l'impossibilité de trouver un endroit où se produire, les contrats abusifs des maisons de disques, la difficulté à garder son public… tout cela sera présent dans Fûka, de manière certes très romancée, mais on sera loin d'un groupe qui trustera tous les charts en quelques tomes. De plus, si les péripéties demeurent elles aussi assez classiques, ça ne sera pas forcément le cas des solutions apportées. En effet, le manga a le don pour mettre l'accent sur une voie pour finalement partir totalement sur autre chose. Et c'est ainsi que Fûka parviendra à se démarquer !

Sous ses airs faussement simple, le manga réussira à être prenant tout du long en parvenant toujours à nous surprendre quand à la direction qu'il prend. L'histoire avance vite et bien, et surtout, l'œuvre regorge de scènes beaucoup plus vraies que l'on ne pourrait le croire à la lecture des premiers tomes assez bateau. Une vraie petite pépite qui pourtant ne payait pas de mine !

Une évolution pas si anodine

Et sachez qu'il en sera de même du côté des personnages. Là aussi vous retrouverez à peu près tous les carcans du genre.

Vous aurez donc notre groupe de musique principal, The Fallen Moon, qui fait du pop rock mélodieux aux jolis textes remplis d'espoir, avec à sa tête Fûka et son chant ultra puissant et communicatif malgré sa candeur, Iwami la guitariste excellente et perfectionniste mais au mauvais caractère, Mikasa le claviériste de génie à la fois doux et charmeur, Nachi le batteur moyen mais énergique et enfin Haruna, le bassiste nul sans aucun charisme mais qui se révélera être le plus déterminé à réussir.  Un groupe de héros extrêmement classique de prime abord qui d'ailleurs ne s'entend pas forcément, on est très loin du groupe de potes inséparables, mais justement, c'est ça qui les rendra au final si attachants. Malheureusement en dehors de notre héros Haruna qui porte le manga à lui tout seul, les autres personnages auront du mal à réellement se décoller de leur moule mais ce sera donc en tant que groupe et coéquipiers que les héros évolueront énormément, apprenant à se faire confiance et à s'encourager sans jamais rien lâcher pour viser les sommets.

En face vous aurez bien évidemment les artistes rivaux comme le groupe de rock énervé et hautain LeBard, ou bien la chanteuse de ballades romantiques Koyuki qui est aussi l'amie d'enfance d'Haruna par ailleurs, l'enthousiaste chanteuse de rue Aoi qui se liera rapidement d'amitié avec nos héros, ou encore le groupe senpai intouchable les HEDGEHOGS que tout le monde rêve de surpasser. Ce sera sans oublier les divers personnages secondaires tels les divers producteurs ou bien certains fans du groupe qui permettront d'agrémenter divers mini-arcs.

D'ailleurs pour ceux qui ne le sauraient pas, sachez que les œuvres de SEO Kôji sont liées entre elles. Fûka étant un des nombreux spin-off du manga Suzuka, il ne sera donc pas rare de retrouver des personnages tirés des mangas Suzuka ou encore The town where you live où notre héroïne Fûka apparaissait déjà. Néanmoins ils ne resteront qu'anecdotiques, il ne sera donc pas utile d'avoir lu ces préquels pour comprendre le manga Fûka (moi-même je ne connaissais quasiment rien de ces œuvres pour tout vous dire).

Mais revenons-en au manga Fûka. Malgré tout ce beau monde, il y aura au final assez peu de personnages importants. Car comme dit plus haut, ce qu'il faut comprendre c'est que le manga parle principalement de l'évolution d'Haruna. Haruna qui est d'abord enfermé dans une bulle et qui refuse de se mélanger aux autres évoluera du tout au tout après sa rencontre avec Fûka qui elle, croque la vie à pleine dent. C'est elle qui le poussera dans ses retranchements et qui lui apprendra à se surpasser. L'évolution d'Haruna est donc simple mais deviendra lourde de sens une fois passé le plot twist du tome 5 (et s'il vous plaît, ne vous spoilez PAS !). Difficile d'en parler sans spoiler, mais sachez que Fûka regorge de messages bien plus profonds qu'il n'y paraît, et toute la quête d'identité d'Haruna et la réussite de son groupe sera porteuse de choses bien plus grandes. On aurait aimé que les autres membres du groupe bénéficient d'autant de développement au vu de la qualité de celle du protagoniste principal mais, à défaut d'être réellement mis en avant, tous sauront se révéler attachants et ressortiront grandi de leurs expériences. En ça le manga est donc une belle réussite !

Une œuvre solide aux jolis messages

Concernant l'œuvre en elle-même cette fois-ci, Fûka est là encore, bah plutôt classique.

Le dessin est très lisse mais super joli avec un coup de crayon très fluide, les chara designs sont basiques mais accrocheurs. L’ambiance est assez légère en globalité avec pas mal de gags mais saura toujours être poétique voire touchante lors des scènes d'introspection, les péripéties ne manquent pas et le rythme est plutôt bien géré. On regrettera peut-être juste les 5 derniers tomes qui sont un peu en deçà du début mais rien qui n'en vienne à gâcher la lecture donc ça va.

La conclusion également est des plus simple mais est là encore réussie.  Si je devais relever quelques légers défauts en dehors de ça, ce serait peut-être le fanservice sur les filles qui est aussi foutrement inutile qu'il est anecdotique puisque l'auteur ne sait tellement pas comment l'amener dans son récit que la plupart du temps celui-ci se retrouve non pas dans le manga mais principalement dans les illustrations de chapitre. Bref, pas réellement gênant donc mais plutôt intriguant, dans le sens où on dirait que l'auteur remplit plus une demande express de l'éditeur qu'autre chose…

Et sinon le deuxième problème mais qui n'en est pas vraiment un selon moi est la romance. Bon déjà il faut savoir que la seule romance bien gérée est celle de notre héros Haruna qui là encore demeurera exemplaire et super touchante. En revanche on ne peut pas en dire autant pour les personnages secondaires qui, bien qu'ayant une alchimie réelle, finissent par sortir ensemble sans qu'on ne sache trop comment ni pourquoi la plupart du temps, mais soit. Le plus gros problème de toutes ces romances en revanche, c'est qu'il y en a partout ! Genre tous les membres de groupe finissent par sortir avec un de leur collègue, le plus souvent au sein du même groupe d'ailleurs. Comment vous dire que fausse bonne idée quoi ! Bon heureusement ce n'est pas un aspect trop écrasant dans l'œuvre donc on ne s'en offusquera pas outre mesure mais tout ça semblera tout de même un peu poussif par moments.

En parlant de ça, vous l'aurez compris puisque je n'en parle presque pas dans cette critique mais Fûka est pour ainsi dire la première œuvre de Seo que je lis (j'avais bien lu quelques chapitres de Suzuka et A town where you live mais c'était il y a une éternité, mes souvenirs sont très flous et je ne suis jamais allée plus loin que les premiers tomes de toute façon). Je sais que l'auteur est aussi apprécié pour ses romances simples mais naturelles et solides que détesté pour ses dramas poussifs et souvent peu utiles. Fûka souffre donc des mêmes problèmes. Mais si l'œuvre est plutôt appréciée par le grand public, elle reste particulièrement détestée par les fans de l'auteur pour ces diverses raisons qui viennent prendre encore plus d'ampleur dans Fûka et ont donc terminé d'user de leur patience (enfin, ça et principalement le plot twist cavalier du tome 5).

À titre purement personnel, je peux dire que j'ai vraiment adoré Fûka tout simplement car je n'en attendais absolument rien et qu'il a réussi à aller bien au-delà de ce que j'en espérais. Je ne vais pas dire que le manga va révolutionner ma bibliothèque, mais si je comprends tout à fait la frustration que peut provoquer le tome 5 pour les plus fans, je trouve que le reste de la série n'en demeure pas moins solide en l'utilisant de manière intelligente pour venir développer les personnages. Oui l'histoire est un peu facile par moments, mais rien qui ne devienne complètement wtf. En ça Fûka est déjà au-dessus de bien des romances débiles que j'ai pu lire dans mes années lycée. Et surtout, l'œuvre, bien écrite ou non, n'en délivre pas moins de beaux messages d'espoir qui sauront parler à tous.

Une belle œuvre faussement simple

Ainsi Fûka est l'exemple même du manga faussement simple et pour lequel il ne faudra pas se fier aux apparences. Classique sur tous les points, il parviendra pourtant toujours à surprendre le lecteur (en bien ou en mal, je vous laisse juge) et proposera une écriture solide et une histoire superbement bien développée sur le message de fond qu'elle cherche à délivrer. Un manga aussi touchant que rafraîchissant !

Activité sur Fûka