Si tu pensais que Marcel Proust allait enfin tourner la page et passer à autre chose, Albertine disparue est là pour te rappeler que chez lui, l’oubli est un processus aussi long et sinueux que ses phrases.

L’histoire ? Albertine s’est barrée. Puis elle est morte. Et pourtant, elle est partout. Le narrateur, incapable de s’en détacher, passe le roman à la chercher, à l’imaginer, à la reconstruire mentalement. Le deuil devient une obsession, un terrain d’expérimentation littéraire où chaque souvenir, chaque indice est disséqué avec une minutie chirurgicale.

Le gros point fort ? C’est du Proust dans ce qu’il a de plus profond et sublime. L’analyse des sentiments, la complexité de la mémoire, la manière dont l’absence façonne notre rapport à l’amour… tout est d’une justesse vertigineuse. L’écriture, toujours aussi musicale et hypnotique, transforme le chagrin en chef-d’œuvre.

Le hic ? C’est du Proust dans ce qu’il a de plus introspectif et étiré. Si tu n’es pas déjà habitué à ses digressions infinies et à son goût pour l’analyse psychologique poussée jusqu’à l’os, tu risques de sentir le temps se dilater (et pas forcément dans le bon sens). Albertine n’est plus là, mais elle hante chaque page au point que le lecteur finit par vivre le même enfermement mental que le narrateur.

Bref, Albertine disparue, c’est une méditation magistrale sur le deuil et la mémoire, qui fascine autant qu’elle épuise. À lire si tu veux une plongée abyssale dans l’âme humaine… mais seulement si tu es prêt à passer du temps dans la tête d’un homme qui ne sait pas lâcher prise.

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