Je compte Jimmy Chin et sa femme Elizabeth Chai Vasarhelyi parmi les meilleurs réalisateurs de films d’aventure et de documentaires sur le sport. Le couple est évidemment connu pour le documentaire oscarisé en 2019 Free Solo, qui retrace la préparation et l’ascension de la fameuse falaise d’El Capitan par le célèbre grimpeur Alex Honnold, le tout en solo, c’est-à-dire sans corde ni assurage d’aucune sorte. Un film qui m’avait profondément marqué et qui figure sans hésiter dans mon top 3 des meilleurs documentaires. Je m’étais alors intéressé aux autres réalisations du duo, notamment Meru, sorti en 2015 et La Grotte, qui m’avait passionné et qui suivait le sauvetage miraculeux en 2018 de douze jeunes garçons et de leur entraîneur, coincés durant plusieurs jours dans une grotte thaïlandaise. Un docu particulièrement angoissant qui avait d’ailleurs donné lieu à une adaptation sous forme de fiction par Ron Howard : Treize vies. Leur série Au bout du monde avec Jimmy Chin, également dispo sur Disney+, était aussi passionnante et suivait plusieurs sportifs de l’extrême dans leurs paris fous, et souvent risqués.

Tout cela pour dire que quand j’ai vu le nom de Jimmy et Elizabeth comme cinéastes d’Endurance, j’ai sauté sur l’occasion. C’est la première fois que le couple co-réalise un film avec une troisième personne. En creusant un peu le sujet, il apparaît que le projet ait en réalité principalement été porté par la troisième comparse, Natalie Hewit. C’est elle qui a participé à l’expédition de recherche de l’épave de l’Endurance, et filmé l’épopée de l’équipe. C'est également elle qui a participé à la tournée d’avant-première mondiale pour présenter le film.

Et effectivement, je n’ai pas retrouvé dans Endurance la pâte de Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi : celle qui fascine le spectateur et le laisse dans un suspens asphyxiant.

Le documentaire suit en parallèle – et de manière un peu plan-plan – d'une part l’expédition scientifique de 2022 pour tenter de retrouver l’épave de l’Endurance, ce navire échoué quelque part en Antarctique et connu comme l’un des plus grands mystères marins ; et d'autre part l’expédition du capitaine Shackleton en 1915, qui s’était donné pour mission d’être le premier à traverser le continent Antarctique d’un bout à l’autre.

Au terme de près de deux ans de survie sur la glace, l’équipage de Shackleton avait réussi à rentrer sain et sauf en Angleterre, mais n’avait pu donner qu’une position approximative du naufrage de l’Endurance. Plusieurs expéditions s’étaient succédées, notamment en 2019, pour tenter de retrouver l’épave gisant par 3000m de fond, en vain.

J’ai trouvé les séquences sur l’expédition de 2022 plus intéressantes que celles de 1915. Malheureusement, ce sont les moins nombreuses. J’aurais aimé en apprendre davantage sur les moyens mis en œuvre pour rechercher l’épave. A aucun moment, j’ai pu penser à un possible échec de la mission.

Les photos et surtout les petits films ramenés par l’équipage de l’Endurance en 1915 sont souvent saisissants. En revanche, le film de Jimmy Chin, Elizabeth Chai Vasarhelyi et Natalie Hewit se ne cache pas d’avoir à de nombreux moments recourt à l’Intelligence Artificielle pour recréer des séquences dramatiques (en se basant sur les récits des rescapés), à l’image des frêles embarcations prises dans les remous des tempêtes australes, ou les hommes bravant le froid et la neige sur ces terres gelées. Des scènes fakes qui apportent un côté bouleversant et catastrophique à l’épopée du capitaine Shackleton mais qui m’ont quelque peu gêné dans la démarche initiale du documentaire.

Endurance ravira les amateurs d’aventures polaires et d’odyssées glacées. Le film a le mérite de nous faire découvrir de manière très didactique, à nous novices, l’histoire de cette légende de l’exploration sous-marines.

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