Indochine nous revient avec « 13 », treizième album sans grande originalité mais avec un savoir-faire totalement maitrisé et assumé pour la douce mélancolie et new wave dansante.
Après avoir connu un succès, pas toujours légitime dans les années 80 (7000 Dances est quand même un très mauvais album) puis le mépris pas toujours mérité, (dans les années 90 Wax et Dancetaria sont vraiment sous-estimés), Nicola Sirkis a depuis compris ce qu’il fallait faire… depuis l’inespéré (et inégalé) Paradize en 2012 qui lui offre le retour en grâce auprès des critiques et un succès commercial sans précédent, il a engagé son groupe dans un sillon bien balisé : si à chaque album, le thème change : le conte (Alice & June), la guerre (La République des Météors) la ville (Black City Parade), le cadre musical lui est immuable : de la new wave teintée de rock aux sonorités indus.
Cette fois encore donc, Indochine campera sur ses positions sur le fond comme sur la forme. Cette fois encore, l’écoute de ce nouvel album suscite un sentiment ambiguë, il séduit autant qu’il agace… Pour la bande à Sirkis, le nombre 13 est le signe d’un spleen profond, entre perte des idoles (Station 13; Henry Darger), dégénérescence du monde (Trump le Monde) et divagations sur la mort (à peu près tout l’album). Des thèmes loin d’être inédits chez le groupe, évoqués par des textes d’une naïveté confondante mais suffisamment imagés pour que l’auditoire puissent s’approprier l’histoire ; voilà peut-être pourquoi Indochine continue de séduire encore les ados dont l’imagination est débordante…
Musicalement, on imagine également aisément que les fans seront aux anges - 13 revisite toutes les sonorités de la discographie d'Indochine -, les détracteurs s’attaqueront aux paroles, et les autres prendront ce qu’il y a à prendre. Ce à quoi le groupe, qui tourne depuis plus de 35 ans, est finalement déjà bien habitué.
C’est peut-être Nicola Sirkis qui lui-même, involontairement, résume le mieux la situation… En se moquant de Depeche Mode ou de The Cure : « Quand les fans viennent voir Depeche Mode ou The Cure, ils se foutent des nouveaux morceaux. Nous c’est le contraire. On est le seul groupe de cette époque qui régénère son public »… Même si l’on pourrait dire qu’à son âge, il est un peu tard pour tuer le père, force est de constater qu’il n’a pas tout-à-fait tort…pour autant, peut-être que si le public d’Indochine aime les derniers morceaux, c’est probablement parce qu’ils ressemblent à s’y méprendre aux premiers…