Après 73 concerts donnés en moins de 6 mois pour la tournée 2003 (qui ne restera pas une tournée de qualité, à l’exception des excellents concerts au Japon) et 3 mois de repos, s’ensuivent les concerts de charité. Avant les traditionnelles soirées en faveur de la Bridge School Benefit d’oncle Neil, PJ livre un concert à la maison, au profit de l’association locale YouthCare qui aide les jeunes sans domicile fixe âgés de 12 à 24 ans.
Ce n’est pas le meilleur concert de Pearl Jam, c’est un bon concert du groupe et de par sa démarche - acoustique -, cela en fait un concert intéressant à écouter en découvrant certaines de leurs chansons dépourvues d’électrification massive. C’est un concert pour les fans du groupe, les néophytes de PJ le noteraient à la baisse. En « bon connaisseur » du groupe, je n’ai pas peur de lui mettre un 8/10. Pour découvrir et se faire une idée de PJ, il faut évidemment passer par un autre itinéraire.


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PJ à la maison et donc en terrain conquis, opte pour une direction semi-acoustique de la soirée. Pas de réelle prise de risque, le groupe joue détendu dans son salon, façon répétition, on enchaîne les morceaux sans se prendre la tête. La comparaison avec l’Unplugged de 1992 serait malvenue, les démarches des deux concerts étant différentes, l’énergie et les enjeux également.



  • Of The Girl ouvre le bal avec un M. McCready en efficacité
    retenue sur la pulse de M. Cameron et un S. Gossard s’essayant même à
    abandonner la rythmique pour clore la chanson.

  • Low Light, titre sous-estimé de YIELD et pourtant puissant,
    devient anecdotique dans cette version live.

  • • A l’inverse de Thumbing My Way, pourtant bien proche de la
    version studio (RIOT ACT), qui apporte une saveur particulière ici,
    que je ne saurai définir.

  • Thin Air n’a jamais été une tuerie de PJ et ne le sera jamais,
    ici ou ailleurs, malgré le petit raté de l’humain à la fin du 1er
    refrain. Le côté acoustique sauve la balade.

  • • Idem pour Fatal (chute de studio de BINAURAL et on comprend
    pourquoi), no comment. On notera toutefois l’articulation sensée des
    deux morceaux mais aussi que S. Gossard nous a habitué à signer de
    bien meilleures compositions, qu'elles soient fiévreuses (Even
    Flow
    , Do The Evolution) ou plus calmes (Black, Footsteps).

  • • LE premier moment fort du concert arrive, le sombre Nothing As It
    Seems
    . Habitué(e) des versions live, on attend de voir ce que M.
    McCready va envoyer ce soir par-dessus l’ambiance acoustique. Pas de
    déception, chacune de ses interventions, bien que communes à sa
    manière de jouer le titre depuis la tournée 2000, propulse la chanson
    à un niveau supérieur à l’aide des effets. Une bonne version.

  • Man Of The Hour (clôturant Big Fish de T. Burton), reste toujours
    émouvante, dans sa grille d’accords utilisée, dans sa structure et
    dans la voix de Vedder. Un joli moment.

  • Immortality… Titre au potentiel énorme trop peu souvent
    exploité, c’est à double tranchant. On va avoir droit à une version
    magistrale ou banale ? Quelque part entre les deux. Une très bonne
    version, relevée par l’acoustique, mais trop courte malgré ses 6’18.

  • Off He Goes. Une sublime balade, empreinte de tristesse et de
    mélancolie qui n’aura jamais trouvé de meilleure version que celle
    présente sur NO CODE (le tempo et l’enchevêtrement des guitares
    jouant pour beaucoup, en sus de la voix appliquée de Vedder). Celle
    de ce soir est somme toute très sympa.

  • • Même remarque pour Around The Bend et sa version studio
    indétrônable. Les balades de PJ sont toujours trop speed en live.
    Around The Bend ne déroge pas à la règle mais les six cordes s’amusent un peu, apportant une brise légère en évacuant la brume
    générée par la chanson. Une version trop courte ici aussi. Sans
    oublier la présence de Boom Gaspar (en écoutant ses prestations sur
    Crazy Mary lors des tournées 2010s, quel malheur il aurait fait sur Ten !).

  • • Première cover du concert, I Believe In Miracles des Ramones.
    Intéressant d’entendre cette chanson plus calme qu’à l’accoutumée,
    avec un M. McCready toujours en embuscade prêt à dégainer.

  • Sleight Of Hand. Un morceau d’une profondeur abyssale sur
    BINAURAL, très difficile à explorer en live sinon d’une manière
    diamétralement opposée. La bande à Vedder ne se démonte pas et livre
    une très bonne version. Remercions encore les effets.

  • All Or None a toujours eu une atmosphère particulière, raison à
    l’ambiance et non à la signature rythmique. Cette version demeure
    très bonne avec cette guitare qui chiale, crie et hurle, amenant tout
    le monde à sa cause que l’on dirait perdue.

  • Lukin. Le titre qui ne sert à rien. Oui il faut le prendre comme
    un délire, pas d’autre choix. Il récolte toujours une étoile sur cinq
    dans mes archives. Ici aussi. PJ aurait pu faire l’économie de jouer
    ce titre ce soir-là.

  • • Dernier titre emprunté à BINAURAL (et dernière piste de celui-ci) :
    Parting Ways. C’est une version plutôt réussie, rien ne dépasse, c’est joué carré, sobre et efficace.

  • • Chute de studio de RIOT ACT, Down réussit à faire bouger les
    spectateurs en concert, j’y suis assez hermétique habituellement. Je
    l’apprécie davantage sur ce concert, ayant l’impression qu’elle est
    taillée pour un registre électro-acoustique.

  • • Le morceau d’ouverture de RIOT ACT, Can't Keep, est boosté par le
    drumming de M. Cameron, ici uniquement doté de la voix et du ukulélé,
    c’est original et on aime… ou pas.

  • Dead Man (aka Dead Man Walking, enregistré pour le film du même
    nom de Tim Robbins) est presque supérieure à la version studio
    disponible sur la compilation LOST DOGS.

  • • Reprise de Bob Dylan, Masters Of War

  • • Arrive un gros temps fort, Black. Le spectateur s’époumonnant
    « it sounds so good » à la fin de l’intro ne prend pas trop de risque
    ceci dit. Une version calme, faible pour certains habitués mais E.
    Vedder parvient à être dans la justesse de l’émotion, ni trop ni trop
    peu, effaçant quelque peu la musique. Et lorsque l’on connaît la
    chanson, lorsque l’on en connaît les versions live, nos poils se
    hérissent quand E. Vedder se tait et laisse la salle chanter ce
    fameux passage qui nous a tous un jour fait monter les larmes sinon
    plus… M. McCready emboîte le pas mais le groupe coupe court à tout
    étirement du morceau. Dommage.

  • • Autre reprise du concert, Crazy Mary de Victoria Williams. Boom
    Gaspar donne un bref aperçu de son talent et le groupe de ce qu’il
    est capable de faire de ce morceau, de ce qu’il en fera quelques
    années plus tard lors de ses concerts. Une version encore trop courte
    ici.

  • • Dernière reprise du concert, 25 Minutes To Go de Johnny Cash. Ca
    bouge le spectateur, ça ne m’émeut pas et je reste imperturbable.

  • • Par contre, Daughter en acoustique, j’ai hâte. Version regular
    comme on dit mais énergique comme il faut. Présentation des musiciens
    et petit clin d’oeil aux 4 de Liverpool en passant, avec You Know My
    Name
    et You’ve Got To Hide Your Love Away.

  • Yellow Ledbetter pour terminer, achèvement classique des concerts
    depuis 2000. Très loin d’être une des meilleures versions, chanson
    toujours sympa à écouter.


On pourrait croire mon sentiment mitigé. Ce concert est très appréciable, surtout après avoir creusé l'oeuvre de PJ pendant et depuis des années. Pour le concept, la démarche, l'ambiance nonchalante, la sobriété de la prestation, toutes ces raisons en font un bon concert de PJ aux yeux de ses fans. Seuls ces derniers se permettront de bien le noter et eux seuls sauront pourquoi au fond d'eux (sans communautarisme aucun).

seug
8
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le 4 févr. 2016

Critique lue 99 fois

seug

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