+4626‐COMFORTZONE
7.2
+4626‐COMFORTZONE

Album de Beardfish (2015)

+4626‐COMFORTZONE par Stéphane Gallay

Beardfish est un groupe qui provoque chez moi des réactions bizarres: je me dis « mouaibof, un album qui s’appelle +4626-Comfortzone, pourquoi j’achète ce truc déjà? » et, quand je l’écoute, je me rappelle pourquoi. En clair, si je ne suis pas un grand fan de ce supergroupe suédois de rock progressif tendance rétro, leurs compositions sont suffisamment bien balancées pour susciter chez moi un enthousiasme certain.


Soyons clair: Beardfish ne gagnera pas avec cet album la palme de l’originalité. Je doute même qu’ils ne l’obtiennent jamais, mais je soupçonne aussi que ce n’est pas le but. Leur rock progressif est clairement inspiré par les Grands Anciens, les maîtres historiques du genre, de Genesis à King Crimson, en passant par Emerson Lake and Palmer.


Au reste, c’est peut-être comme cela qu’il faut comprendre le « Comfortzone » du titre: un clin d’œil en forme de coup de pied au cul – à moins que ce ne soit le contraire – à tous les amateurs de rock progressif qui ne jurent que par la Sainte Trinité Yes/Genesis/Pink Floyd (le « 4626 » faisant référence à l’indicatif de la région de suède dont les membres du groupe sont originaires, les coquins).


Clin d’œil, car Beardfish lorgne clairement du côté de anciens et coup de pied au cul par l’exécution résolument moderne des compositions, malgré leurs sonorités vintage. Ce n’est pas forcément un hasard si +4646-Comfortzone a eu les honneurs du site Angry Metal Guy, plutôt spécialisé dans le death/thrash/black.


Dans sa version digipack, +4626-Comfortzone totalise pas moins de vingt-trois pistes, pour une durée totale de plus de cent quarante minutes. Mais la plus grande partie du second disque étant composé de démos, on peut très bien se contenter d’une centaine de minutes de musique « utile ». Oui, rien que.


Le disque principal s’articule autour de deux axes: le tryptique « The One Inside » au début, au milieu et à la fin de l’album, ainsi que le grand-œuvre qu’est « If We Must Be Apart » et ses quinze minutes et demie de musique. Et, tout du long, pour l’amateur de rock progressif, c’est le festival de la référence: surtout du Genesis, mais des claviers à la ELP et, parfois, du King Crimson (« Luminaire » sur le deuxième disque).


Mais, si le groupe s’inspire nettement des sonorités de ses illustres ancêtres, il a un certain génie – voire un génie certain – pour les accommoder à sa sauce et, si tel morceau sonne comme, ce n’est jamais du repompage pur et simple.


De plus, il y a chez Beardfish une conscience de soi qui toucherait presque au cynisme si elle n’était traitée avec un certain humour. Ainsi, « Ode To The Rock’n’Roller » explique crûment que tout a déjà été joué et le double CD se conclut par un « And Terry Takes the Christmas Route » qui sonne comme un épisode de Doctor Who qui aurait été écrit par les Monty Pythons.


Sans aller jusqu’à dire que +4626-Comfortzone est un album génial, il a un côté très plaisant – mais qui attirera peut-être plus les prog-heads que les mélomanes plus traditionnels. Moi j’aime bien, mais c’est quand même le style de musique qui est fermement ancré dans mon ADN.

SGallay
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le 17 avr. 2015

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