The Gary Burton Quartet With Orchestra – A Genuine Tong Funeral (1968)


Cette pochette pourrait laisser penser que Gary Burton est l’organisateur de cet « Opéra muet », mais en réalité il n’en est rien et il aurait été justice que l’album soit cosigné par Carla Bley, tant son empreinte est visible un peu partout ici. C’est bien elle qui signe par sa couleur, ses compositions, sa « patte » si personnelle, ce magnifique enregistrement, un classique pour moi.


Le titre signifie « Funérailles dans la tradition Tong », il provient d’un vieux film français projeté à la télé américaine pendant lequel on pouvait assister à une longue procession funéraire dans les rues de Hong Kong. Carla Bley s’est emparée du thème et des images, pour nous livrer sa sublime vision, toute en ressenti sensible, porteur d’une forte émotion.


En fait, cette longue et belle suite, dormait dans un fond de tiroir, attendant l’opportunité pour éclater en plein jour. C’est par le truchement de Steve Swallow, ami de Carla et musicien travaillant aux côtés de Gary Burton, que l’idée se concrétisa. Carla travailla à nouveau son œuvre pour la rendre compatible avec la formation du vibraphoniste, et l’orchestre réuni autour de Carla s’avère tout à fait exceptionnel.


Sont présents Gary Burton au vibraphone, Larry Coryell à la guitare, Steve Swallow à la basse et Lonesome Dragon à la batterie, ce dernier serait un pseudo choisi par le musicien, peu satisfait de sa prestation. S’ajoutent quelques invités d’importance, Steve Lacy au sax soprano, Mike Mantler à la trompette, Gato Barbieri au sax ténor, Jimmy Kneeper au trombone et trombone basse, Howard Johnson au tuba et enfin Carla Bley au piano, à l’orgue et à la direction orchestrale.


Nous sommes en juillet soixante-sept, un mois avant l’enregistrement de « Lofty Fake Anagram », l’album du dessus, qui verra paraître une version du magnifique « Mother Of The Dead Man » en avant-première.


Que de merveilles sur cet album, je cale toujours à l’idée d’écrire un truc sur « Escalator Over The Hill » tellement c’est grandiose, je m’incline avec respect puis range la plume. Ici c’est exactement la même chose, tout aussi beau, précis, parfait, une pure pépite rutilante, mais par bonheur, l’œuvre est à taille humaine, environ quarante-cinq minutes où chaque seconde est pesée, du coup je me lance malgré tout, me bornant à relater les circonstances…


A l’énoncé des musiciens vous avez certainement été troublés, tous seront bientôt célèbres et reconnus, chacun dans son domaine. Imaginez qu’ils sont au meilleur et que l’écrin tissé par Carla, au travers d’arrangement habiles et somptueux, est d’une telle magnificence qu’il vous embarque et vous emporte dans un voyage incroyable, bien qu’il soit, nous dit-on, lugubre et funéraire…


Je ne vous parle pas des thèmes magnifiques, Carla possède un don pour l’écriture ciselée, ni des soli qui sont extraordinaires, Gato, Steve L., Larry, Steve S., Howard, Mike et tous les autres qui s’époumonent parfois jusque dans la démesure…


Un chef d’œuvre, juste indispensable.

xeres
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le 27 avr. 2023

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