Marion Brown - Afternoon of a Georgia Faun (1970)
Un album ECM que je m’étais procuré en version US, avec un coin coupé, quelques temps après sa sortie. Je me souviens de ma perplexité à son écoute, il ne correspondait en rien à ce que j’attendais. Pas de furie free, ni d’envolées sauvages, il était devenu, au fil du temps, un de mes albums préférés d’endormissement, particulièrement pour la face une qui contient le morceau titre « Afternoon of a Georgia Faun », il évoque la nature, ses bruits, les animaux, la vie autour du point d’eau…
Ça aurait pu être une musique de film, avec des intrigues, des sentiments inquiets, du suspens même, une musique pour image, ou bien encore la bande son d’un rêve éveillé, avec des mystères, des voix venues d’outre-monde, qui traversent l’espace et le fendent…
C’est le quatrième album sorti chez ECM, avec une pléiade de grands noms. Marion Brown, bien sûr, un extraordinaire musicien et un homme bon et généreux, il joue du sax alto, du zomari, un instrument à anche africain et des percussions. Il semble bénéficier aujourd’hui d’une sorte de renouveau, il est écouté par les plus jeunes et bénéficie d’une réévaluation de son œuvre, ce qui est mérité.
Est également présent Anthony Braxton, multi instrumentiste, je passe sur l’éventail des instruments dont il joue, car ils sont très nombreux, tout comme pour Bennie Maupin, souffleur lui aussi, il y a également Chick Coréa aux claviers, Jeanne Lee et sa voix, Andrew Cyrille aux percussions, quel festival me direz-vous !
En effet, et il y a encore cinq musiciens moins renommés, vous découvrirez leur nom au dos de la pochette, tous jouent également des percussions. Il faut préciser qu’alors tous ces musiciens n’étaient pas encore des stars et qu’une telle réunion de talents était encore possible. Cet album est vraiment étonnant, unique et précurseur.
La seconde face, la plus renommée sans doute, est dédiée au titre « Djinji’s Corner », ici l’atmosphère est plus free, plus théâtrale, plus étouffante également, l’auditeur est sous pression, la voix de Jeanne Lee joue un grand rôle dans cette atmosphère un peu surnaturelle.
L’album est court, trente-cinq minutes denses et pleines, il mérite une écoute attentive et un vinyle sans défaut, la touche ECM fonctionne à plein sur cette œuvre et la pureté du son fait partie intégrante de la magie, il faut écouter les détails, le frotté des peaux, pour être en mesure de bénéficier d’un véritable dessert acoustique.