Alain fort attachant

Pour ses 50 ans de carrière, Alain Chamfort sort un nouvel album éponyme qui marque d’ailleurs le retour de Jacques Duvall à l’écriture avec qui il n’avait collaboré depuis Personne n’est parfait en 1997. Éternel dandy de la pop française, l’interprète du mythique tube Manureva revient à petits pas sur le devant de la scène et compte bien nous dire qu’il n’est pas fini, car il faut forcément avouer qu’il restait sur un disque de duo un peu hasardeux, mais que les amateurs se rassurent, ce nouvel opus est réussi, avec à la clé quelques morceaux tubesques.

On remarque dès les premiers titres un ton mélancolique aux mélodies envoutantes, Deux poignards bleus nous transperce le cœur d’entrée et nous cueille avec une tendre délicatesse, le grand Chamfort répond présent par sa voix inimitable, Ensemble distille ensuite des teintes électro-pop rythmées et efficaces qui seront en quelque sorte la substance même de l’album. Puis vient le single Joy dont la ritournelle rappelle le tube de Marc Lavoine et Bambou Dis moi que l’amour sorti en 2003, pas nécessairement le meilleur titre mais il garde un potentiel efficace et entêtant, nul doute qu’il restera comme la pièce maitresse populaire de cet opus auprès du public, d’ailleurs déjà bombardé par les stations de radio.

Forcément les textes alternent entre malice et nostalgie d’une vieillesse inexorable, le loup Chamfort reste touchant bien qu’un peu en marge avec son temps, ce genre de registre est en perdition et il apparait véritablement comme une sorte de vestige vintage romantique d’un temps révolu. Mais je ne pense pas qu’on puisse le qualifier de "ringard" car les efforts pour persister auprès de son public sont bien là et il semble nécessaire de les saluer en pleine époque de disette artistique d'une variété française populaire en manque d'inspiration, il suffit d’écouter les propositions de la nouvelle génération.

Alain Chamfort garde aussi quelques références bien placées à Serge Gainsbourg, ancien compère de l’artiste sur Amour année zéro (1981), au niveau de l’instrumental, oscillant entre style funky 70s et synthé 80s, les aficionados seront comblés à ce niveau là car musicalement il faut dire que les arrangements sont très aboutis, je dirais même que c’est la principale qualité de l’album. L’harmonie fonctionne également grâce à la légèreté des textes et à l’élégance iconique de Chamfort, le dernier tiers de la tracklist est sensiblement le meilleur, notamment magnifié par un superbe duo avec Charlotte Rampling (Où est tu ?).

Ce dernier disque prouve qu'à 66 ans Alain Chamfort en a toujours sous la semelle et qu’il reste un artiste à part entière de la chanson française, sorte de chat à neuf vies qui au delà des époques arrive éternellement à retomber sur ses pattes en se réinventant musicalement avec ce pouvoir et ce charme intacte. Les fans apprécieront.

Discographie commentée de Alain Chamfort : http://www.senscritique.com/liste/Alain_Chamfort_l_elegance_a_la_francaise/866592