J'ai vu un fantôme

Alphabet Prison est là pour rappeler à ceux qui l'auraient oublié la fragilité de la transition adolescente durant laquelle on a ni le discernement pour comprendre les raisons de son mal-être ni les ressources pour l’exprimer, ce dont traite Galaxie autarcique au début de l’album. Tous les thèmes pertinents y sont abordés avec beaucoup de sensibilité, allant du désir d’émancipation (L’instinct et l’envie) aux amitiés brisées (Je regrette) et aux premières angoisses politiques (Le nouveau monde), en passant par le harcèlement scolaire et le suicide (Phantom). La voix juvénile de Mark Maggiori se mêle merveilleusement à des guitares saturées et mélodiques, formant un superbe ensemble débordant de cette rage si singulièrement maladroite et désorientée qui nous a tous consumée et qui ne paraît risible qu’une fois la tempête passée, sauf à ceux qui gardent toujours "ce parfum subtil et flou nommé 16 ans".