Il faut un certain état d’esprit pour apprécier Amplify Human Vibration, le nouvel album de Nordic Giants. Un vol de nuit – celui pour aller aux Utopiales, par exemple – est un assez bon moyen de trouver cet état d’esprit: à plus de dix mille mètres dans un ciel d’encre.


Duo britannique de post-rock cinématique formé de musiciens connus sous les noms de Rôka et Löki, Nordic Giants met en musique des concepts, des idées, et fait revivre certains des grands esprits des dernières décennies.


Quelque part, la forme s'apparente à des discours mis en musique, ce qui pourrait paraître particulièrement peu sexy, mais la combinaison d'idées fortes prononcées par leurs créateurs et d'une musique planante fonctionne plutôt bien – surtout si on comprend l'anglais.


Avec sept pistes entre cinq et sept minutes, pour un total d'un peu moins de trois quarts d'heure, Amplify Human Vibration est un album de taille moyenne, avec peu de variations de durée entre les pistes, ce qui lui donne une apparence assez homogène.


Je l'ai trouvé un peu long à se mettre en place – par rapport au précédent, qui entrait immédiatement dans le vif du sujet – mais là encore mieux équilibré sur la distance.


Quand je dis qu'il faut un certain état d'esprit pour l'apprécier, je veux dire qu'une écoute distraite ne suffit pas vraiment. Pire: les éléments narratifs – les discours de Martin Luther King, l'artiste amérindien John Trudell, l'auteur Terrance McKenna et le philosophe Alan Watts – ont tendance à être plus une distraction qu'autre chose. C'est en consacrant toute son attention à l'album, avec un minimum de perturbations alentours, que l'on en tire le maximum.


Des titres comme "Taxonomy of Illusions" ou "Spirit" ressortent particulièrement de ce Amplify Human Vibration. Des titres plus instrumentaux comme "First Light of Dawn" les lient ensemble de façon harmonieuse. Et on pressent, à l'écoute, ce que le groupe annonce lui-même: c'est en live, accompagné par les films pour lesquels la musique est conçue, que la musique de Nordic Giants prend toute sa dimension.


Hélas, le groupe ne semble pas décidé à venir dans la région, alors il ne reste plus qu'à se rabattre sur cet album, que l'on peut trouver sur Bandcamp. Ce n'est pas l'album que je recommanderais au premier venu, mais si vous cherchez une musique aux confins du post-rock et de l'expérimental conceptuel, une musique autant pour les oreilles que pour le cerveau, alors allez-y. Et n'oubliez pas d'éteindre les lumières avant de monter le son.

SGallay
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le 8 nov. 2017

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