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Vers la fin des années 70, les synthétiseurs se démocratisent dans l'ensemble de la production musicale de l'époque. Jean-Michel Jarre et Kraftwerk ne sont plus des marginaux.
Les groupes à la Chic deviennent des Kano pendant que les derniers à la Sex Pistols laissent place aux Joy Division, voire New Order.
Bienvenue dans cette fastueuse et fameuse décennie tant aimée et tant décriée : les années 80 !
À l'époque, la synthpop bave sévèrement sur la variété française. Parfois funky, parfois disco, la seule constante, c'est le synthé à tous les étages.
Alors évidemment, les jeunots nés avec un Solina dans la bouche, les Rita Mitsouko, Indochine, Jean-Jacques Goldman, et autres Daniel Balavoine ont tous leurs joujoux électroniques, mais les anciens aussi s'y mettent.
Pour prendre un exemple, on a vu Michel Polnareff, jusque-là habitué aux albums yéyés ou morriconniens, produire "Bulles" aux États-Unis, faisant fortement penser aux sonorités des Buggles. Coïncidence ou pas, Hans Zimmer a été claviériste sur cet album, et il l'avait été sur "Video Killed the Radio Star"...
C'est donc à cette époque que papa -M-, Louis Chedid, puisque c'est un peu de lui qu'on parle, déjà dans le circuit depuis une dizaine d'années, s'associe avec un producteur... j'ai nommé... Michel Coeuriot !
Bon, qui c'est ce mec, avec son nom d'abbé ? Un compositeur que je kiffe de manière conséquente, car il a produit "C'est Comme Vous Voulez", l'album de Souchon, mais aussi sa "Foule Sentimentale", et d'autres tubes comme "Belle-Île-En-Mer" de Voulzy. Et aussi Catherine Lara, les albums "Flamenrock" et "la Rockeuse de diamant", mais tout le monde s'en branle je pense.
Louis a téléphoné à Michel et il lui a dit : "Viens produire mon nouvel album, on va se taper des barres !" Le père Coeuriot a déboulé dans le studio et a tout retourné. Direct il a annoncé la couleur : "cet album, je veux que ce soit la fiesta électronique, avec des synthés en folie PARTOUT et un peu de slap bass de bon aloi car je suis une personne particulièrement funky tu comprends".
Et on n'est plus à l'ère où Jacno, sur son album éponyme, bidouillait deux ou trois notes en pensant faire du Jean-Jacques Perrey, et trouvait ça complètement dingue, ce son du futur qui sortait des enceintes. Chaque plage d'"Anne, Ma Soeur Anne" est aboutie, et un ravissement harmonique et rythmique, avec des arrangements très riches en Omega 3 et en bonnes idées, comme entre autres cette basse folle dans "Qu'est-ce Que J'Vous Sers ?".
Et que dire des magnifiques "Anne, Ma Soeur Anne" et "Ce Soir C'est Noël"... C'est comme le cheese cake ou le saucisson aux noisettes avec du pain, ça ne se décrit pas, ça se déguste. Pardon ?... Oui, la soupe de chou-fleur aussi, si vous voulez.
Bémols quand même : la chanson "God Save The Swing" qu'on verrait très bien passer dans "les Filles d'à côté" ou autre série d'AB Production entre deux rock'n'roll MIDI, et les paroles godwinesques d'"Anne, Ma Soeur Anne" traitant implicitement le Front National émergeant de l'époque de parti nazi (la Anne en question est Anne Frank). Mais de toute manière, Chedid n'étant pas Brel, les textes des chansons, ici plus semblables à des comptines, ne sont pas le plus important.
PS : Je tiens à te signaler, cher lecteur, que j'aime la variété française des années 80. Beaucoup. Par exemple j'aime la chanson "Ève Lève-toi" de Julie Piétri. Donc mon avis est... disons très subjectif.