A1- Aquarius Suite 18:24
B1- From Out of Bartok 5:10
B2- Two-One-two vibrations 19:20
Alto Saxophone – Arthur Jones
Bass – Beb Guerin, Dieter Gewissler
Drums – Claude Delcloo
Piano – Burton Greene
Trumpet – Jacques Coursil
Flûte, Shenaï - Didier Malherbe
Sous la houlette de Byg, la course à l’enregistrement a commencé avec l’Art ensemble de Chicago le 7 juillet, le 8 et le 10 c’est le cornettiste /trompettiste Jacques Coursil qui enregistre deux albums avec Arthur Jones à l’alto, Beb Guérin à la basse et Claude Delcloo à la batterie auxquels viennent s’ajouter pour le second album, le multi instrumentiste Anthony Braxton et le pianiste Burton Greene. Celui-ci enregistre son propre album « Aquariana » le 9 avec Jacques Coursil, Beb Guérin, Arthur Jones, Claude Delcloo que rejoignent Didier Malherbe venu de Gong et Dieter Gewissler qui vient doubler la basse de Beb Guérin.
C’est cela l’esprit BYG, le matin on ne sait pas exactement avec qui on va jouer, qui sera dans les studios et figurera sur l’enregistrement. Au gré des rencontres, des disponibilités, les liens se tissent, les groupes se forment, l’ambiance est « cool », « relax », cet été là une grande complicité s’est établie entre les musiciens, un jour leader, le lendemain sideman, aucune importance, l’essentiel c’est de jouer, de participer à la création. En ces temps, personne n’avait conscience de participer à une pléiade d’enregistrements historiques qui compteront dans l’histoire de la musique. Les nombreuses rééditions récentes du catalogue BYG, quarante – cinq ans plus tard, en témoignent.
Après une introduction où les musiciens jouent des notes suspendues dans l’espace, en apesanteur et sans ordre apparent, superposées comme les strates d’un mille-feuille, évoquant les mystères et l’inconnu, « Aquarius Suite » s’enroule autour d’une pulsation rythmique menée par les basses et c’est tout un monde Oriental qui s’ouvre à nous. Après des évocations mystiques, « Hare Rama, Hare Krishna », un trio formé par les deux basses et le piano est bien vite rejoint par les anches et les flûtes qui étirent les sons de façon démesurée, provoquant une distorsion de l’espace et du temps, tandis que la basse de Beb Guérin sautille avec vivacité. La pièce s’achève de façon paroxystique, les instruments improvisant à l’unisson de façon collective. Sur la pochette de l'album original, il semble bien qu’une erreur au niveau des écritures de la pochette ne crédite pas Didier Malherbe sur ce morceau mais sur un autre où il ne joue pas.
« From Out of Bartok » qui ouvre la seconde face fait irrésistiblement penser à une composition de Cecil Taylor du début des années soixante. L’interprétation est virtuose et Arthur Jones absolument parfait, précis et puissant, poussé par les accords au piano, plaqués implacablement par la main sûre de Narada Burton Greene.
Une folie identique traverse la dernière composition de l’album « 2-1-2 vibrations » qui a été écrite par le leader lorsqu’il était à Woodstock. Au long des quatre mouvements au tempo contrasté on remarque la maîtrise des musiciens, le brio de Jacques Coursil, la classe internationale de Beb Guérin et l’interprétation très maîtrisée du leader.
L’album n’est pas d’un abord facile ou immédiat, il demande attention et concentration à l’écoute, en fait, bien qu’il appartienne incontestablement à la famille des musiques improvisées il n’en demeure pas moins très écrit et structuré.