Arrows & Anchors par LoutrePerfide
Fair to Midland est un groupe de rock progressif américain qui sévit depuis 1998. De prime abord indépendant, le groupe se fait une renommée américaine avant de s'étendre au Royaume Uni et d'attirer l'attention de Serj Tankian du groupe System of a Down qui les signera sur son label en 2006. Commence alors la production de leur 4ème album, Arrows and Anchors, qui sortira avec fracas le 12 juillet 2011.
Tout commence par un discours particulier accompagné d'orgue qui enchaine directement sur les hostilités, viriles mais correctes. Le groupe n'est pas venu pour amuser la galerie ni même pour faire les fanfarons. Whiskey & Ritalin déborde d'énergie et de grands moments de bravoure. On est assez loin du prog annoncé ici et là, on est bien plus proche de rock énergique à la The Chemical Romance ou à d'autres lorgnant vers le pop rock à décharges électrisantes.
En tout cas, on ne peut dire que l'on s'ennuie ferme après une telle entame et ce n'est pas le détonnant Musical Chairs qui vient apporter sa contribution à l'édifice. Énergique, puissant et inspiré, ce single est une excellente introduction à cet album en terme néophyte. Si le prog reste une nouvelle fois en retrait, le groupe est carré techniquement et plutôt bon en matière de production. Le mix de voix fait son effet et met bien en avant ce que souhaite faire le groupe, se distinguer. Un peu grande gueule et grandiloquent cet album est une excellente surprise.
Les morceaux de bravoure s'enchainent à rythme grand V avec le tonitruant Uh-Oh qui mélange à merveille du prog léger avec un refrain de tueur. Ce n'est pas le synthé forcé qui marque mais vraiment la structure du titre qui sonne comme de la pop mais qui frappe fort comme il faut. Mine de rien, le groupe est en train de nous concocter un des meilleurs albums de l'année et je dois bien vous avouer que je n'avais rien vu venir.
J'ai acheté cet album sur un coup de tête et via une review de plus bel effet sur un forum dont je ne me souviens plus le nom et j'en suis fort aise. La variété des ambiances et des mélodies rend l'écoute agréable. Amarillo, Sleeps on My Pillow et son côté roots, presque Mutha's Day Out meets Stone Temple Pilots le groove en plus, montre à quel point le groupe sait varier les thèmes et les rythmes de narration.
On n'échappe pas à quelques fillers d'une ou deux minutes mais ils servent surtout de transitions certes absurdes mais efficaces. Short-Haired Tornado est effectivement une tornade de riffs, de refrains de tueurs dégoulinant de classe. Le groupe parvient à rester mélodique tout en restant puissant, il est dès lors très difficile de trouver des griefs dans cet album si l'on occulte son côté fourre-tout popisant sur les bords
Rikki Tikki Tavi commence calme et on se dit, voici la killer ballad mais en fait non. C'est un déluge bordélique d'hurlements et de passages planants orchestrés comme le ferait Red par exemple. Golden Parachutes met une nouvelle fois tout le monde d'accord avec son refrain sorti de nulle part et son riff dévastateur. Il y a un peu de Frost dans ce titre, des belles orchestrations, un rythme déphasé mais toujours à propos.
Bright Lights & Sharp Tools perpétue la mouvance et se veut plus émo avec une belle dose de synthés et de guitares bien acérés. Le dernier titre de l'édition normale de l'album est un joyeux bordel dénommé The Greener Grass. S'étalonnant sur 11 minutes, il se disloque, se renouvelle sans cesse pour nous proposer du metal prog comme on l'aime mais sans les solos interminables et les démonstrations techniques masturbatoires habituelles du genre.
Difficile de ne pas aimer cet album tant il est bon et tant il apporte à la scène musicale américaine sur cette année. Sans jouer les équilibristes, les 15 titres ne se perdent pas dans la surenchère et se rendent suffisamment accessibles pour plaire au plus grand nombre ainsi qu'aux amateurs de rock moins pointus et plus grand public. Sans se dénaturer, le groupe nous offre vraiment un bien bel album pleins de grands moments de bravoure et de tubes imparables. Album rock de l'année? Pas certain mais c'est un album dont on se souviendra!