East New York Ensemble De Music – At The Helm (1974) – S/FJMt°
Voici un album provenant du label « Folkways Records », centré le plus souvent sur les cultures traditionnelles ou plus généralement folk, c’est notre « Chant du Monde » à nous mais en version US, ouvert sur « les sons du monde entier ». Tout comme sur notre label tricolore il s’y niche parfois des enregistrements un peu étonnants, qui débordent des cadres étroits des catégories et peuvent être accueillis au sein d’autres familles musicales. Celui-ci en est un vibrant exemple, qui plaira à beaucoup, bien au-delà des amateurs de folk, de musique du monde, de jazz et même de free jazz.
« East New York Ensemble de Music » est issu de Brooklyn, là où les cultures échangent et se mélangent. Deux musiciens leaders ici qui dirigent et organisent un peu tout ça. Bilal Abdurahman qui joue du saxophone soprano et d’un instrument à anche coréenne, peut-être le hojok appelé également taepyeongso qui ressemble un peu au hautbois. L’autre leader Ameen Nuraldeen joue plus simplement du vibraphone, mais il y a également un grand nombre d’invités.
Qasim Ubaindullah est à la batterie, James Smith à la basse, Jay Rose au tambour turc, Bobby Harvey à la conga et Rahkiah Abdurahman aux gongs africains. A l’énoncé des instruments on comprend déjà qu’un long voyage s’annonce, entre Afrique, Asie et Amérique.
La première étape se nomme « Mevlana », un titre de douze minutes qui prend ses racines dans une ancienne mélodie religieuse turque. Dans un premier temps le vibraphone se repose sur une assise rythmique composée par la basse et les tambours, avant que le saxophone soprano de Bilal ne se lance dans un long solo autour de cette mélodie ancienne qu’il explore en improvisant, avant que les sons métalliques du vibraphone ne reviennent et s’échappent, transportés par le groove lancinant de cette polyrythmie qui ne cesse de bouger et de s’agiter…
Le second titre « Ti-Ti » repose sur un très joli thème qui permet à nos solistes de de remettre le couvert dans un esprit très voisin du premier titre, les mélodies qui s’échappent des instruments de nos solistes sont particulièrement belles et soignées, donnant un charme certain à ce titre fait pour danser et plaire, tourner et s’enivrer de bonnes vibrations…
« Sun Flower » nous permet d’entendre à nouveau ce qui est peut-être le « hojok » dont j’ai parlé, et qui est, d’après les notes de pochette, un vieil instrument à anche donné à Abdurahman par un villageois de Pulsan en Corée.
La dernière pièce « Bent-El Jerusalem » qui dépasse à peine les cinq minutes est très orientale dans ses couleurs, peu documentée, elle semble être une sorte de marche qui figure un parcours ou une traversée…
Vraiment un très bel album avec tout ce que l’on aime, de l’exotisme, des rythmes, de la chaleur, des instruments anciens et des danses pour que la fête soit belle…
Bref ce qu'on nomme parfois "une pépite"!