En matière musicale, l'ami Fred Bezies a souvent raison. Bon, pas toujours, mais quand il souligne l'impressionnant foisonnement du post-rock français, notamment avec ce Atlas Hands de GrimLake, ce n'est pas moi qui vais lui donner tort.
GrimLake est le projet solo du musicien parisien Mathieu Legros, inspiré par pas mal des grands noms du post-rock international, God Is an Astronaut en tête. On a donc droit à une musique planante et spatiale, presque entièrement instrumentale.
En neuf pistes et quarante-huit minutes, Atlas Hands ne s'éternise pas et propose des morceaux de longueur moyenne, dépassant rarement les six minutes. L'ensemble donne une impression de mesure et d'équilibre; de toute façon, mieux vaut la qualité que la quantité et, de ce point de vue, c'est un album qui assure.
Avec Atlas Hands, on est dans un style musical que j'appelle volontiers "post-rock solaire", en ce que c'est le pendant lumineux d'un genre qui est souvent beaucoup plus sombre (voir l'album de Collapse, chroniqué hier). C'est évident dès le premier morceau, le très planant "Run into the Night" ou avec "Dying Stars", "Digital Cut" ou "Absolute Zero".
"Everything Everywhere" est accompagné d'extraits d'un discours – peut-être de JFK, sur la fin de la ségrégation –, qui sonne comme une leçon d'histoire mise en musique. On en trouve aussi sur "Obedience", mais ce morceau-ci est plus intense, plus énergique; c'est d'ailleurs le plus long de l'album, avec également des chœurs.
GrimLake est capable de jouer sur plusieurs registres – calme, planant, énergique – mais toujours avec la même intensité; il n'y a pas vraiment de plage faible dans cet album.
Donc, Atlas Hands c'est du yabon en pack de neuf et je vous le conseille vivement. Il est disponible pour €8 sur Bandcamp; pour la qualité, c'est franchement donné: vous avez là un album qui peut sérieusement damer le pion aux plus grands noms de la scène post-rock. À écouter d'urgence!