Eleven Sounds.

Durant les années 80, les quatre membres d'Eleven Pond grandissent dans l'état de New York, pourtant, leurs oreilles, comme beaucoup, sont tournées vers le Royaume-Uni. Post Punk, New Wave, Synth Pop, Dark Wave, Cold Wave... Existe t-il période plus étincelante ? C'est toute une Europe Occidentale qui découvre les joies du synthétiseur, de la boîte à rythme, et de toutes les possibilités créatives qui s'ouvrent alors.

Bas Relief ne sort qu'à quelques 500 exemplaires, en 1986. Toute l'influence outre-atlantique s'étale sur l'ensemble des onze morceaux de l'album. De leur propre aveu, le groupe a consommé du Factory et du 4AD, et ça s'entend. Dans Bas Relief, les basses sonnent d'abord Bauhaus puis The Cure, les guitares tantôt Cocteau Twins, tantôt New Order, les mélodies, Modern English et Clan of Xymox...

L'album est dans la lignée de tous ces groupes, avec toujours ce sens de la mélodie, innocente, insouciante, cette dépression enjouée, ce génie du rythme qui rend toutes ces choses merveilleuses. Étrangement, l'album à beau être d'un éclectisme absolu, tout sonne avec une cohérence brillante. C'est ainsi que, si l'album s'ouvre avec une sorte de She's In Parties lumineuse avec Tear and Cinnamon, et se termine sur une noirceur que n'aurait justement pas renié -puisque c'est d'eux dont il s'agit- Bauhaus, avec Ask, il touche un peu à tout entre temps.

J'aimerai souligner ici le sublime Watching Trees, tube synthpop lorgnant du côté de la minimal wave. Ces lignes de synthé toujours claires et mélodieuses, la rythmique froide et pourtant dansante, le chant étincelant ... Un tube de plus à écouter dans une cave enfumée, pour danser mécaniquement aux côtés d'une brune.

Pour le reste, je l'ai déjà dit, on touche un peu à tout : sensualité romantique pour Tightrope, simili-twee pop avec Moving Nowhere, synthpop électrique avec Portugal, pour finir du côté la darkwave avec la fin du disque.

Malgré toutes ces influences évidentes, la musique de Eleven Pond reste charmante, elle sonne toujours juste, mélodieuse, innocente, talentueuse... A vrai dire, son seul véritable défaut, c'est d'avoir vu le jour du mauvais côté de l'Atlantique. Avis aux amateurs donc, une ressortie est disponible depuis 2009 sous le label -bien nommé- Dark Entries.