Helmet est un cas à part dans le rock « extrême » ; violent et raffiné, simple et complexe, mélodique et bruitiste et surtout inclassable.
Un groupe qui a le chic pour désarçonner l'auditeur, en évoluant sans arrêt entre simplicité et complexité (en gros les compositions semblent simples de prime abord mais en réalité elles le sont beaucoup moins qu'elles n'y paraissent).
Le look n'y est pas non plus étranger : pantalon large ou bermuda, polo, chemisette ou tee shirt « clean », cheveux courts !!
Sorti après leur chef d'oeuvre de 1992 « Meantime », « Betty » (le troisième LP) soutient la comparaison, mais il est quand même légèrement moins bon (« Meantime » est de toute façon le meilleur album de Helmet selon moi) ; « Betty » prenant un virage un peu plus mélodique.
Peter Mengede le second guitariste, parti pour former Handsome, est remplacé par Rob Echevarria futur Biohazard.
La recette est toujours la même, juste un poil plus mélodique et travaillé (mais la production y fait aussi), entre mathcore et ces rythmes/riffs répétitifs, métal (épuré de tout le superflu qui va avec) et noise rock.
Et alors que sur les deux premiers albums les voix étaient essentiellement hurlées, elles sont ici plus claires, moins forcées.
Autre particularité de Helmet : un rythme et un son de batterie qui marque d'emblée l'auditeur, avec une tonalité assez « claire » tout en restant lourde.
Il faut aussi signaler que Page Hamilton le chanteur/guitariste a étudié dans une école de jazz (une bonne formation donc c'est évident) ce qui n'est pas anodin quant à la façon de composer, et ce qui explique sans doute ces riffs et ces rythmiques répétitifs mais parfois assez alambiqués.
La guitare est souvent noise : larsens et distorsions en pagaille, en veux tu en voilà !
Toujours bruitiste mais le son est moins saturé, plus aéré.
Helmet franchit donc un cap, comme il avait déjà franchit un cap entre "Strap it on" et "Meantime", et " Betty" est l'album qui va faire connaître le groupe à un public rock « alternatif » plus large. Pas de rupture, une évolution qu'on pourrait qualifier de logique mais qui décevra malgré tout certains fans les plus "radicaux".
Petit bémol comme sur les albums précédents : la voix qui par moment bat de l'aile , par exemple sur le refrain de « Tic » ou sur « Speachless », dommage car Hamilton essaie d'alterner les atmosphères vocales. Mais rien de bien méchant.
L'excellent « Wilma's rainbow » qui débute l'album est l'archétype du « nouveau » Helmet, plus mélodique. Idem pour « Biscuits for Smut ».
« I know » est plus dans le Helmet traditionnel noise/bruitiste avec son riff tranchant, sa rythmique bulldozer et sa voix qui hurle.
« Milquetoast », « Tic » et « Street crab » (pour le final) alternent le deux facettes du groupe.
« Rollo » vaut pour le jeu de batterie assez impressionant de John Stanier.
« Clean » et « Vaccination » sont (avec « Wilma's rainbow ») mes titres préférée ; sur « Clean » le chant est excellent, le riff est grandiose et des plus efficace. « Vaccination » est du même calibre (là encore assez représentatif du Helmet de 1994), en un peu plus agressive et qui finit en tuerie noise.
Globalement le deuxième partie du disque est un peu moins bonne, avec deux morceaux atypiques qui détonnent « The silver hawaiian » et « Sam hell » quand un seul aurait largement suffi.
Et puis à chaque écoute on découvre de petites trouvailles rythmiques qui nous avaient échappé.
Helmet est assurément l'un des groupes les plus intéressants des années 90 et pour fêter leur 30 ans ils seront à Paris le 1er octobre 2019 pour une tournée « 30 ans, 30 villes, 30 morceaux ».
7,5/10 arrondi à 8/10