Rarement musique aura été plus agréable à écouter que celle de Halasan Bazar. Ce quintet danois a fait jusque-là un sans-faute, en commençant avec un petit chef d’œuvre (How te Be Ever Happy, 2012), pour poursuivre avec un album un peu en-dessous dans le même style (Space Junk, 2013) et un autre très sympa mais assez différent en collaboration avec un groupe français (8, 2014). Avec Burns (2017), ils retrouvent les sommets du début.
La formule est globalement la même que sur How to Be Ever Happy. Après la mise en bouche ambiante « Lucky », le groupe ouvre les hostilités avec « Honest People » l’un des morceaux les plus péchus et ambianceurs de l’album à l’instar de « Magic Clouds » sur l’album précédent. Par la suite, les perles s’enchaînent, certaines étant plutôt portées sur l’emballement et d’autres sur la mélancolie. Cette dualité n’est qu’apparente : la mélancolie peut ressortir comme une toile de fond de morceaux joyeux au premier abord.
Halasan Bazar donne dans un indie rock doucement psychédélique, teinté d’un esprit folk. Ses grandes forces résident dans le maniement habile d’une palette instrumentale très riche (guitares acoustiques et électrique, orgue, piano, violon, xylophone…) et dans la qualité de la composition. Certaines mélodies sont dignes de la trilogie des meilleurs groupes en "B" des années 1960 : Byrds, Beatles, Beach Boys.
Chaque morceau a quelque chose de spécial, si bien que l’écoute de l’album est un plaisir renouvelé à chaque fois : « Stretching Out » avec son aspect Motown sur les refrains, « Junkie » avec ses couplets radioheadiens, « Freak » avec son ambiance tourbillonnante et pleine de joie, « Lucky You » avec son rythme saccadé et son romantisme grave, « Fools » avec la douceur rassurante de son xylophone et de sa valse…
Et, à l’instar de « Mountaintops » sur le premier album, Burns comporte un morceau sublime qui invite à porter un regard renouvelé et émerveillé sur le monde. Il s’agit de « Burns My Mind » qui, au-delà de ses airs de fête de village, poursuit l’exploration du thème de la mort qui fut déjà l’objet du magnifique « Everybod Dies », non inclus sur les albums. « Burns My Mind » parvient à capturer une certaine idée d’incandescence des perceptions.